Mardi 15 avril, Emmanuel Macron a annoncé l’expulsion de douze agents servant dans le réseau diplomatique et consulaire d’Algérie en France, mais aussi le rappel de l’ambassadeur français à Alger pour consultations. Ces mesures sont des représailles à l’expulsion de douze fonctionnaires français de l’Algérie. Ce nouveau revirement a lieu seulement quinze jours après l’appel entre le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, qui visait à apaiser les relations franco-algériennes, rappelle L’Express. Les autorités algériennes avaient donné 48 heures à douze agents de l’ambassade d’Alger pour quitter le pays, dimanche 13 avril, en réponse à une arrestation de trois hommes survenue deux jours plus tôt. Parmi eux, un agent consulaire algérien a été arrêté en France puis placé en détention, il est accusé d’implication dans l’enlèvement sur le sol français d’un influenceur algérien opposé au régime. Ces hommes sont aussi poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
L’Algérie, qui avait qualifié cette arrestation « d’acte indigne », a accusé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de porter « la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l’Algérie et la France ». En effet, au mois de mars, le ministre de l’Intérieur avait transmis à l’Algérie une liste d’une soixantaine de ressortissants algériens, sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le pays y avait opposé une fin de non-recevoir. Bruno Retailleau avait donc promis une « réponse graduée », estimant que « les Algériens ne respectent pas notre accord de 1994 », relatif à la circulation de ses nationaux en France, indique Le Figaro. Il avait ainsi annoncé la suspension des accords de 2007 sur l’exemption de visa aux détenteurs (algériens) de passeports diplomatiques. La France ne décolère pas face au refus d’Alger d’accepter plusieurs de ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une attaque terroriste qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février, perpétrée par un Algérien sous OQTF, a ravivé ces tensions.
Un dialogue rompu avec l’Algérie ?
Les relations avec l’Algérie se sont progressivement détériorées au fil des mois, le premier point de rupture ayant été la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Autre point de discorde entre les deux pays, la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. L’homme a été condamné à cinq ans de prison le 27 mars. Emprisonné en Algérie depuis le 16 novembre, il était accusé, d’« atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l’économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». Cité par BFM TV, le ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, Jean-Noël Barrot, a rappelé, mercredi 16 avril que Boualem Sansal n’avait « pas à faire les frais de problèmes » diplomatiques. « J’ose croire, étant donné son état de santé et sa situation, à un geste d’humanité de la part des autorités algériennes », a-t-il demandé. Malgré ces vives tensions, le ministre a indiqué, mercredi 16 avril, que la France devra « à terme » reprendre le dialogue avec Alger « dans l’intérêt des Français ».