Mercredi 30 août, le Gouvernement a réclamé l’ouverture d’une enquête sur les pratiques de l’association évangélique Torrents de vie. Elle propose des thérapies de conversion aux personnes homosexuelles, malgré l’interdiction de ces activités par la loi. Depuis janvier 2022, l’organisation de telles « thérapies » est passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Une journaliste de BFMTV a infiltré l’un de ces séjours en caméra cachée, dans le cadre d’une enquête. Elle a ainsi pris part à des ateliers qui visaient à encourager « la restauration de notre identité relationnelle et sexuelle », mentionne le HuffingtonPost. Ces ateliers qui s’organisent pour lutter contre « la dépendance affective, l’alcool la pornographie » peuvent aussi « prendre en charge les questions d’orientation sexuelle », précise la journaliste.
Des pratiques de thérapie douteuses
La jeune femme a rejoint un séminaire dans le sud de la France, durant l’été 2023, avec une trentaine de personnes. Au programme, des prières et des échanges en petits groupes pour « renoncer au feu du désir », détaille BFMTV. Afin de « guérir », les participants ont reçu des câlins pour combler leur « manque d’amour ».
Un pasteur leur a suggéré de se couper du monde extérieur, le temps de se débarrasser de leur « fardeau ». Enfin, le dernier jour, une dizaine de personnes ont entouré une femme et ont prié pour « la délivrer des ténèbres de l’homosexualité ».
L’association évangélique Torrents de vie est aujourd’hui implantée dans une quinzaine de villes françaises. Elle a été fondée dans les années 1980 par l’Américain Andrew Comiskey, qui se définit comme un ancien homosexuel devenu hétérosexuel grâce à Dieu et à ces thérapies.
A la suite de cette enquête, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué qui dénonce ces pratiques, « rendues illégales ». La secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté Sonia Backès a saisi la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) pour « étudier toutes les voies d’action possibles pour sanctionner l’association ». Si l’association était condamnée par la justice, elle pourrait être dissoute, comme l’a envisagé la ministre chargée de l’Égalité Bérangère Couillard.
Une précédente enquête choc
Torrents de vie était déjà dans le viseur des responsables politiques. En 2019, deux journalistes ont fait paraître un livre-enquête sur les thérapies de conversion, Dieu est amour, et ont révélé les pratiques de l’association. L’Assemblée nationale a lancé une mission d’information sur ces thérapies, qui a également permis de souligner le rôle de la structure dans le développement de ces pratiques.
Auditionnés, les deux cadres de l’association, les pasteurs Werner Loertscher et Claude Riess, ont nié avoir recours à des thérapies de conversion. Ils ont estimé que leurs propos étaient dénaturés dans la presse, et qu’il ne s’agissait pas de guérir l’homosexualité mais « les blessures de l’âme ». Il reviendra désormais à la justice de trancher sur cette ambiguïté.