La loi de 1905 commence ainsi: «La République assure la liberté de conscience». Effectivement, la liberté de conscience a représenté l’enjeu majeur de la séparation des Églises et de l’État. Très schématiquement, on trouvait trois positions-types parmi les partisans de la séparation:
La première, symbolisée par le député socialiste Maurice Allard, estimait que la liberté de conscience ne pouvait pas inclure la liberté de religion car, déclarait-il, la religion est «l’oppression des consciences». Autrement dit, il effectuait une équivalence entre son engagement de libre-penseur et la laïcité et prônait une laïcité antireligieuse. Aristide Briand affirma que le projet d’Allard visait la «suppression des Églises par l’État», non leur séparation.
La deuxième, symbolisée par Émile Combes, chef du gouvernement jusqu’en janvier 1905, voulait républicaniser le catholicisme, faire en sorte qu’il corresponde aux valeurs républicaines et, pour cela, le soumettre à une tutelle administrative et prévoir de fortes pénalités quand il s’opposerait à la République (par exemple quand un clerc tenterait d’influencer les votes des électeurs). La séparation du catholicisme avec Rome était davantage visée que la séparation des Églises et de l’État.
La troisième, représentée par Ferdinand Buisson (président de la Commission parlementaire), Aristide Briand (son rapporteur) et Jean Jaurès (qui l’a soutenu) estimait que la liberté de conscience est inconditionnelle. Elle l’a […]