Que représentent les legs dans le budget de l’Armée du salut ?
Le montant des legs varie d’une année sur l’autre, contrairement à celui d’une collecte de fonds. Par exemple, en 2018, ils se sont élevés à 9 millions d’euros sur un budget de 168 millions d’euros. Avec les dons, ils ont représenté environ 10 % du budget annuel. Les legs sont très variables parce qu’ils dépendent d’une personne qui décède. Les legs reçus en France restent au bénéfice de l’Armée du salut France. Ils sont de toutes sortes : des biens immobiliers, des placements, des assurances vie, des bijoux, des voitures de collection, etc. Tout ce qui peut être transmis. Nous recevons aussi des donations de personnes souhaitant donner un bien de leur vivant. Nous n’orientons pas les testateurs vers des affectations précises de leur legs. Les montants reçus sont versés dans les fonds généraux et utilisés selon les besoins, qui peuvent varier d’une année sur l’autre.
Bien souvent, les personnes nous disent qu’elles nous connaissent et qu’elles ont confiance en nous. Mais, lorsque la personne souhaite faire un legs au bénéfice des enfants, ou des personnes à la rue par exemple, ou bien souhaite plutôt léguer à la fondation [qui gère les établissements sociaux et médico-sociaux. N.D.L.R.] ou à la congrégation [qui porte les valeurs spirituelles et un message d’évangélisation. N.D.L.R.], nous suivons bien sûr sa volonté.
Quel est le profil des testateurs ?
Il y a plus de femmes que d’hommes (59 % contre 35 %) et des couples qui viennent nous voir car ils envisagent de faire leur testament en notre faveur. Ils ont souvent une histoire commune avec l’Armée du salut, de près ou de loin. Parfois un de leurs proches a été aidé par l’Armée du salut, notamment pendant la guerre. Ils ont déjà un lien avec nous car ils font, la plupart du temps, partie des donateurs fidèles, présents depuis une ou plusieurs dizaines d’années.
Quelle est votre stratégie à propos des legs ?
Le legs a un avantage et un désavantage. Nous pouvons recevoir des sommes importantes, mais l’inconvénient, c’est que nous ne savons pas quand. Cependant, ce n’est pas pour cette raison que nous ne faisons rien pour en recevoir. Depuis 2018, nous avons adopté une stratégie de communication et de prospection envers les donateurs, car près de 80 % des testateurs sont donateurs. En 2018 et 2019, nous avons aussi mené une campagne de communication auprès du grand public avec des insertions dans la presse. Et cet été, un spot radio va être diffusé. Notre mission générale, c’est d’aller à la rencontre des gens parce que nous n’apportons pas juste une aide financière ou à manger, mais un soutien moral, une présence. C’est vrai aussi avec les testateurs potentiels ou avérés. Nous sommes deux, avec Marguerite Errard, à sillonner la France pour aller à leur rencontre, connaître leur histoire, savoir pourquoi ils veulent léguer. Ce sont des personnes parfois seules, et nous sommes leur seul contact. Ils nous considèrent alors un peu comme leurs enfants ou petits-enfants. Chaque personne est importante et elle est au centre de la relation, au-delà du legs et quel que soit son montant.