Par Florence Daussant-Perrard, présidente du DIAFRAT de Paris

L’Église protestante unie de Nîmes porte l’engagement de l’accueil de l’étranger. Elle l’affirme comme une priorité qui se concrétise dans l’une de ses quatre paroisses.

« Dans la Bible, l’appel à accueillir l’étranger est vraiment au cœur du message. C’est comme un fil rouge, ça revient éternellement », explique la pasteure Iris Reuter qui y consacre une partie de son activité. « L’évangile, c’est un décentrement par rapport à l’autre.

L’autre par excellence, c’est l’étranger. Donc, c’est l’autre avec le parcours qu’il a, avec les barrières culturelles, l’impossibilité de communiquer, que nous devons accueillir et accompagner.» Cet engagement est né en 2008 par un accueil spontané de migrants.

Venus avec le « train de la honte » du centre de rétention administratif à Vincennes, une centaine de migrants ont été transférés au centre de rétention administratif de Nîmes puis remis en liberté dans cette même ville. De cet accueil en nombre est né l’engagement, dans la durée, pour un petit groupe de migrants.

Actuellement, cinq jeunes exilés partagent l’un des deux chalets qui se trouvent dans le jardin. Une maman et son fils occupent l’autre. Des personnes exilées sans hébergement sont ponctuellement accueillies pour une nuitée. Un lit de camp leur est dressé dans le temple.

Des réussites

Ces personnes sont accompagnées en collaboration avec des associations partenaires dans leurs démarches juridiques et administratives, dans la recherche de formation mais aussi dans leur vie quotidienne pour l’accès à l’aide alimentaire, aux soins, au vestiaire.

Elles peuvent également participer aux cours de FLE (français langue étrangère), aux ateliers cuisine ou théâtre qui se déroulent sur place. Des temps festifs permettent à tous de partager des moments de convivialité. C’est l’occasion aussi de fêter la réussite des jeunes hébergés. L’été dernier, c’était l’obtention du CAP maçonnerie pour l’un d’eux.

La mission d’accueil de l’étranger repose sur la participation des bénévoles issus ou non de la paroisse. « Le noyau dur est composé du pasteur et de plusieurs bénévoles. Il assure la prise en charge et l’accompagnement des personnes hébergées à la Fraternité », explique Charles George, un des bénévoles. « Certaines activités ont été initiées par les bénévoles, mais le travail en réseau, avec le recours aux compétences de chacun, est tout aussi indispensable pour accueillir et accompagner les étrangers. »

Unanimité du conseil presbytéral

« L’Église protestante de Nîmes affirme et soutient notre mission d’accueil », explique Iris Reuter. « Et alors que politiquement, tous les gens ne sont pas forcément favorables à cette mission, la plupart des décisions la concernant sont prises et votées à l’unanimité par le conseil presbytéral ! Certains paroissiens se sont distanciés et sont partis. Mais c’est un peu le prix de l’engagement », poursuit-elle. « L’Église mobilise énormément de bénévoles pour des concerts et d’autres activités dont les revenus nous sont attribués. Ce faisant, les choristes et les paroissiens contribuent au soutien de l’accueil des migrants. » D’après elle, « l’accueil et l’accompagnement perdurent parce que c’est une des dominantes de l’Église. »

Charles George conclut : « La découverte de parcours de vie, l’évolution des jeunes accompagnés, leur force de vie, leur résistance, leur volonté de réussir, leur réussite bousculent notre quotidien. Ils nous apportent beaucoup de plaisir, de surprises et de force. »