Tous les projets d’innovation ecclésiaux se heurtent à un élément: la paroisse. Soit elle constitue l’entité de base idéale pour construire un projet ultra-local – mais dans ce cas, elle demande un solide investissement de bénévoles. Et on lui reproche alors de ne pas voir au-delà des frontières de son territoire, de ne pas voir «assez grand». Soit elle s’apparente à une coquille vide, uniquement fréquentée que par quelques habitué·es. Dans ce cas, on veut la repenser, la fusionner, la regrouper.
Historiquement, rappelle Sarah Scholl, professeure associée d’histoire à la faculté de théologie de l’Université de Genève, la paroisse «reste l’une de nos plus anciennes manières de fonctionner, de faire société», rappelant que cette entité est antérieure à l’existence des communes, qu’elle a contribué à façonner. En Suisse, les femmes ont pu voter et être élues dans les conseils de paroisse bien avant l’instauration du suffrage universel. La paroisse joue un rôle très important «comme espace de vie géographique de socialisation». Mais c’est aussi un espace de régulation sociale et politique: «Avant l’existence de l’état civil, c’est ici qu’on mesure la population, que l’on conçoit des rites de passage pour les adolescents, ensuite repris au niveau scolaire, qu’on transmet la morale sexuelle et qu’on la surveille», remarque la chercheuse.
Régulation et ressource
Cette fonction, parfois oppressive, perdure pourtant très […]