Colette Chanas-Gobert a certes pris sa retraite en tant que pasteure, mais pas en tant que militante. « J’ai découvert l’ACAT en 1978, quatre ans après sa création, et je ne l’ai jamais quitté depuis ». Membre du comité directeur national, elle a eu à cœur de fédérer les adhérents isolés de Corrèze pour créer un véritable groupe dès son arrivée dans la région, il y a douze ans. Aujourd’hui composé d’une quinzaine de personnes, le groupe prend régulièrement des initiatives pour sensibiliser la population aux causes qui lui sont chères.
Contre la torture et la peine de mort
À l’origine de l’ACAT, il y a deux femmes protestantes bouleversées par le témoignage d’un pasteur revenant du Vietnam en guerre et qui racontait les scènes de torture infligées aux prisonniers. Elles ont alors mobilisé leurs connaissances, de toutes confessions chrétiennes, pour constituer des groupes et engager les chrétiens à agir.
« Le refus de la torture et l’œcuménisme sont l’ADN de l’ACAT, ils sont liés dès l’origine », souligne Colette Chanas-Gobert. « Il n’est pas anodin que nous fêtions ce cinquantenaire aux Grottes de Saint Antoine, parmi les Franciscains. »
Il n’est pas anodin non plus que l ’ACAT Corrèze parraine Eriese Tisdale, condamné à la peine capitale en 2013 pour le meurtre du sergent Gary Morales. Il est depuis lors incarcéré dans les couloirs de la mort d’un pénitencier de Floride. Son procès est demeuré longtemps en révision : après s’être prononcée une première fois pour la peine de mort, la cour de Floride s’est vu notifier, en 2017, la nécessité de voter cette peine à l’unanimité, puis, en 2023, celle d’obtenir un vote de 8 voix contre 4 pour qu’elle soit exécutée. La cour s’est récemment à nouveau prononcée pour la peine capitale. L’ACAT Corrèze, qui correspond avec Eriese Tisdale depuis son incarcération, a pu constater que le prisonnier s’est confié au fil du temps. « Peu à peu, les échanges sont devenus de plus en plus profonds, et son témoignage a été précieux sur les conditions de détention dans les couloirs de la mort », explique Colette Chanas-Gobert.
L’autre moitié de l’ADN de l’ACAT, l’œcuménisme, se retrouve dans les débats organisés par les militants de Corrèze. En 2021, ils ont ainsi organisé une conférence avec Pascal Maguesyan, chef de projet de Mesopotamia Heritage, une association engagée dans la restauration du patrimoine irakien, chrétien, yézidi et musulman après les destructions de Daech. À l’occasion des 50 ans de l’ACAT, ils ont invité Rabbi Ikola Mongu, (voir encadré), et diffusé le documentaire En toute liberté de Xavier de Lauzanne. Le film suit le parcours de sept journalistes musulmans, chrétiens et yézidis dont l’objectif est de créer la radio Al-Salam et de faire en sorte que les différentes communautés qui vivent en Irak puissent enfin, après les années noires marquées par les exactions de Daech, se parler à nouveau.
Se soucier des jeunes
Mais parmi les actions de l’ACAT Corrèze, une autre volonté se distingue: celle de s’adresser aux jeunes. En 2022, les militants ont ainsi invité […]