Ils prolongent ainsi leur cheminement à travers leurs engagements dans cette communauté en cherchant à témoigner plus largement.
Lucie et Jean se sont rencontrés dans le cadre de leur engagement professionnel, permettant à leurs trajectoires de se rejoindre. Si Lucie a grandi au sein d’une famille protestante réformée très engagée et y a vécu une éducation religieuse « classique » (école biblique, catéchisme, confirmation, groupe de jeunes, camps avec les Baladins…), Jean est né dans une famille catholique « sociologique ». « Avec un père franc-comtois, nous nous considérions comme catholiques. Mais, la famille n’était pas pratiquante ; je n’ai pas été baptisé et nous ne fréquentions l’église que pour les moments importants de l’année – Noël et la Toussaint. Mais, j’ai toujours eu cette curiosité pour les questions spirituelles, j’étais intrigué… », dit-il. Au cours de ces années passées dans le Val de Marne, où Jean reprend des études d’ingénieur sur le tard, tous deux constatent qu’ils ont du mal à se projeter dans une « vie parisienne, stressante ». Diplôme en poche, Jean est contacté pour un emploi à Vichy. « Nous ne nous étions jamais imaginés venir ici, mais nous avons été conquis, par la ville et la nature environnante », soulignent-ils de concert.
Découverte d’un protestantisme réformé libéral
À leur arrivée à Vichy, ils accueillent le premier de leurs trois enfants, Léonie aujourd’hui âgée de 11 ans. Jean pousse la porte du temple protestant de la ville pour satisfaire sa curiosité et approfondir sa découverte du protestantisme, rencontré par le biais de la famille de Lucie. Le dimanche matin, il fréquente le culte et y est accueilli par une communauté bienveillante – « on y est bien ! », souligne-t-il. Au fil des dimanches et des prédications entendues, il se sent bien avec la sensibilité spirituelle qui s’en dégage. « J’avais un petit peu de mal avec certaines questions telles qu’elles sont abordées dans l’Église catholique. Ici, j’ai apprécié cette approche libérale ; on prend du recul par rapport à notre pratique. J’ai senti une pratique, du coup, plus en adéquation avec ce qui est prêché. Le pasteur Jean Dietz m’a bien “détendu” sur ces questions qui étaient sensibles dans mon rapport à l’Église. »
Si Lucie ne fréquente pas immédiatement l’Église de Vichy, c’est principalement pour pouvoir prendre du temps pour l’éducation de leurs trois enfants – Paul (9 ans) et Célestine (6 ans) ont suivi leur grande sœur. Lucie et Jean ont en s deux profité des soirées B.A.-BA du protestantisme, proposées par le pasteur Jean Dietz. Ce dernier était alors envoyé comme chargé de mission régional solidarité auprès de l’Église de Vichy et des deux autres Églises du Pôle Allier (Moulins et Montluçon), après une longue période de vacance pastorale. Ces soirées qui ont attiré aussi bien des personnes déjà engagées dans l’Église de Vichy que néo phytes, proposaient de revisiter les piliers de l’histoire et de la théolo[1]gie protestante. « Ces soirées m’ont en tout cas permis de mettre un pied tout doucement dans la paroisse », reconnaît Jean. Trouver un équilibre entre accueil et approfondissement C’est une approche théologique qui convient bien à l’un et à l’autre, dans la variété de leurs parcours. « La foi bouscule, elle fait réfléchir, prendre le temps de lire la Bible ensemble en Église permet de s’arrêter un peu dans cette vie où tout semble s’accélérer, disent-ils de concert. Nous sommes, par ailleurs, assez proches de l’Assemblée chrétienne de Vichy, d’inspiration pentecôtiste. Nous apprécions leur convivialité, nous y retrouvons des amis qui ont notre âge et des enfants de l’âge des nôtres. Mais nous sommes souvent déçus par la pauvreté du temps de partage biblique… » De fait, ils reconnaissent aussi se chercher un équilibre entre modernité de la forme et profondeur du message. « Nous aimons vraiment aller au week-end Bible et famille, proposé par la région. Il y a dans les moments de louange, dans les animations, une fraîcheur et un côté “évangélique” que nous apprécions, et surtout de pouvoir vivre de tels temps en famille avec nos enfants. Mais, nous aimons aussi la solidité des moments de réflexion biblique. »
Des appels reçus pour servir la communauté
C’est un autre « ministre régional solidarité », Pierre-Emmanuel Guibal, qui permet à Lucie de franchir un pas supplémentaire. « Nous commencions à être bien insérés dans la communauté. Mais Pierre-Emmanuel m’a interpellée en me demandant de m’engager dans l’animation auprès des enfants de l’école biblique. J’avais l’impression de n’avoir absolument aucune aptitude pour cela. Heureusement, il a su me donner confiance et m’accompagner, ainsi que la présidente du conseil presbytéral. Nous sommes aujourd’hui une équipe de quatre et cela fonctionne bien. Je me suis depuis également engagée dans la visite auprès des personnes isolées de la paroisse. »
C’est par ses compétences professionnelles que Jean a, lui, donné de plus en plus de temps et pris de responsabilités au sein de l’Église de Vichy. Face à un temple centenaire, le conseil presbytéral était un peu démuni pour envisager des travaux de grande ampleur. Les partenaires publics étaient prêts à financer une grande part du chantier, encore fallait-il pouvoir élaborer un dossier solide. Sa formation d’ingénieur a permis à Jean de proposer ses services pour élaborer ce chantier et les dossiers nécessaires. « Depuis, j’ai été sollicité pour entrer au conseil presbytéral, et depuis les dernières élections, je suis donc trésorier adjoint de cette Église. »
Leurs engagements à tous deux se veulent pleinement au service d’une Église qui ose témoigner plus et s’ouvrir plus largement : « c’est important de partager ce que cette Parole a à nous apporter, et nous sommes convaincus que l’approche réformée est pertinente dans le fond, même s’il nous faut adapter la forme. »