A priori, il n’y a rien de commun entre la fête juive des récoltes (Exode 23,16) et le Temps pour la Création moderne… La fête des récoltes, très ancienne, consiste à se réjouir des récoltes assurant la subsistance annuelle. On s’amuse après le labeur accompli. L’accent est mis sur la satisfaction du travail achevé. Toutes les civilisations ont de semblables réjouissances. Chez nos voisins allemands, une fête des moissons est toujours célébrée. En fait, les récoltes restent l’image de la bénédiction du ou de Dieu.

Aujourd’hui se pose la question de la sauvegarde de la Création. Notre mode de vie épuise les ressources naturelles terrestres. La question est de savoir comment arriver à sensibiliser les populations à cette problématique éthique de préservation d’une terre « vivable ». La place de l’homme au sein de la Création redevient centrale ainsi que le questionnement sur la vocation humaine. La première idée est de revenir au don du Créateur et ensuite de développer la question de la responsabilité humaine ; que faire de cette terre qui nous a été donnée en gestion, comment respecter l’alliance avec Dieu, avec la Création ?

Sauvegarder la Création

Depuis les années 1970, les Églises se sont engagées dans des démarches de sauvegarde de la Création. Un Temps pour la Création résulte de cet engagement. C’est à la fois un temps pour rendre grâce pour la beauté de la Création, et un temps pour réaliser qu’elle est fragile car l’activité humaine remet en question sa pérennité : la surexploitation est irrémédiablement destructrice. On retrouve ainsi l’identité protestante de reconnaissance et de responsabilité. La difficulté actuelle réside dans l’articulation entre le fatalisme et l’espérance ; fatalisme de constater que rien n’avance, ou que certains pensent que Dieu interviendra pour rattraper nos irresponsabilités écologiques… et espérance que notre foi en Dieu fait de nous des êtres responsables, libres d’agir pour sauvegarder la Création.

Malheureusement, le débat s’empoisonne très vite : quelle charge humaine notre terre peut-elle supporter, avec quel niveau de vie ? Ce questionnement me fait penser au texte de la tour de Babel, où les humains ne doutent de rien et se voient comme des dieux, dans une logique de « toujours plus ». La sagesse de ce texte nous rappelle notre petitesse et la fragilité de notre condition devant l’immensité de notre orgueil. Alors, vers quoi nous pousse notre foi dans la reconnaissance de ce que Dieu nous donne et dans la sauvegarde de la Création ?