À l’orée de cette nouvelle année, le site www.defap.fr propose de nombreux textes et contributions pour réfléchir à cette refondation.

Quand le Défap a été créé, en 1971, il s’insérait dans un dispositif missionnaire complet et cohérent où chacun était appelé à jouer son rôle – Défap, pour les Églises françaises ; Cévaa-Communauté d’Églises en mission, qui regroupe les Églises protestantes ici et au loin ; et la Ceeefe-Communauté d’Églises protestantes francophones. Mais, depuis 50 ans, le contexte a profondément évolué, en particulier par le développement d’Églises issues de l’immigration, le renouveau d’Églises d’Afrique du Nord, et le développement de nouvelles formes d’Églises tant au Sud qu’au Nord. Dans le texte ci-dessous, proposé au conseil du Défap des 11 et 12 janvier, Jean-Luc Blanc, secrétaire général, propose de repenser la mission des Églises protestantes françaises en renforçant le lien avec les Églises dites issues de l’immigration et d’envisager la mission au sein d’un triangle missionnaire.

Les Églises issues de l’immigration

Les communautés composées d’immigrés et d’expatriés en France se sont multipliées ces dernières années en prenant des postures très diverses par rapport à leurs Églises d’origine. Souvent même, les ressortissants de telle ou telle de ces Églises adoptent en France des statuts et des orientations différents, voire divergents, pouvant donner naissance à plusieurs nouvelles entités. Il devient nécessaire, y compris en théologie, de penser l’entre-deux origines, l’entre-deux cultures, cet entre-deux qui est à la fois coupure et lien entre les deux cultures. Entredeux, c’est là que se joue le passage d’une origine à l’autre ou plutôt, c’est là que l’origine derrière  et l’origine devant  permettent à un être nouveau d’émerger. Le défi est énorme. Il s’agit de passer du développement séparé des Églises à un développement commun, du développement de théologies et de spiritualités culturellement marquées, à une théologie et une spiritualité interculturelles. Cela ne pourra se faire que si les Églises issues de l’immigration n’abandonnent pas leurs spécificités, mais ne se referment pas sur elles non plus, pour les vivre en dialogue avec les spécificités des Églises des pays d’accueil.

La mission se vit de plus en plus souvent à trois selon une relation triangulaire dans laquelle les Églises de France, les Églises issues de l’immigration ainsi que nos partenaires historiques à l’étranger sont entraînés dans un même mouvement pour le rayonnement de l’Évangile ici et là-bas… Ainsi, le Défap se retrouve en position de soutenir des relations, non seulement entre Églises de France et Églises d’ailleurs ; en France, entre Églises historiques et communautés issues de l’immigration, mais aussi entre Communautés issues de l’immigration et Églises d’ailleurs. Sans abandonner les relations communautaires, il serait peut-être légitime que le Défap mette parmi ses priorités le développement des relations avec les Églises qui ont des communautés partenaires en France, de manière à développer cette relation à trois que nous avons évoquée ci-dessus.