Le mot glisse aujourd’hui familièrement dans nos expressions, sans difficulté : «  les entraides de nos paroisses  ». Mais à l’heure où vont se tenir les 3e Assises nationales des entraides protestantes, il est intéressant de réfléchir à ce que ce mot contient, ou ne contient plus. Conçues à l’origine pour venir essentiellement en aide aux pauvres et aux démunis qui vivaient au sein des communautés protestantes elles-mêmes, ces actions «  d’assistance et de sauvegarde » pour les protestants se sont peu à peu tournées vers tous les précaires et les souffrants. La compréhension communautaire de notre prochain a fait place à une compréhension plus large, plus fraternelle et universelle.

Ainsi nous appelons aujourd’hui ces nombreuses structures des associations de lutte contre l’exclusion de proximité, vocable qui cherche à rassembler les multiples gestes de soutien, d’aide alimentaire, d’habillement, d’hébergement, d’information qui ne demandent pas nécessairement des moyens techniques ou humains considérables. Aujourd’hui, tous les publics sont accueillis, car la vocation d’accueil inconditionnel caractérise fortement leur engagement. Néanmoins, pratiquer l’entraide peut aussi signifier un soutien entre les acteurs eux-mêmes  : ainsi l’entraide vers les plus petits ouvre le regard sur les besoins ressentis par nos voisins ou nos familles, ceux dont souvent nous ne voyons pas bien la détresse cachée. Elle ouvre également à la solidarité entre pairs, au soutien essentiel dont ont toujours besoin les plus petits, quand bien même nous semblons tous égaux.

C’est une telle démarche qui se vit à la FEP, quand les grandes fondations historiques viennent épauler les associations plus petites, affaiblies ou fragilisées par l’absence d’un homme ou d’une femme-clé, par un accident de vie administrative ou financière, par la décision brutale et aveugle d’un acteur territorial qui applique des normes et des ratios. Coup de pouce juridique, soutien financier pour traverser une mauvaise passe, cette entraide s’inscrit dans l’histoire des associations, comme autant de marques d’une écoute et d’une compréhension fraternelle de la vie de l’autre. Grandes structures ou petites gens, la fragilité ou l’accident de parcours sont le lot de nos chemins et constructions humaines  ; s’entre-aider, c’est avoir le plaisir d’aider, c’est s’assurer de la proximité des autres, c’est ajouter un plus de fraternité à un monde qui en a grand besoin !
Que vivent les entraides !

Jean Fontanieu, secrétaire général de la FEP