« 24 pierres angulaires » : c’est le nom des propositions que le Synode (délibérant) de l’EERV discutera les 19 et 20 avril prochain. Voilà deux ans que l’Eglise réformée bute sur sa gouvernance. Quatre conseillers synodaux (exécutif) ont démissionné, plusieurs rapports ont été rédigés, une consultation a été réalisée. La trentaine de propositions élaborées tiennent compte des travaux précédents, mais émanent – sur mandat du Synode – d’un groupe réunissant, à parité, des délégués du Conseil synodal et des représentants du Synode. Les artisans de ce renouveau, toutes des personnalités expérimentées, ont échangé de manière nourrie, franche et approfondie pour parvenir – fait d’importance – à un accord unanime.
Innovantes, les propositions concernent trois domaines qui cristallisaient les tensions : l’organisation de l’institution, les liens entre les organes exécutif et délibérant l’administration de l’Eglise. Pour chaque sujet, deux axes ont été poursuivis, souligne Philippe Leuba, président du groupe de travail : « Mieux associer les instances locales à la conduite de leur Eglise, simplifier les structures. »
Communautés paroissiales
Sur le plan organisationnel, la proposition prévoit entre autres un passage de 86 paroisses à 25 à 30 communautés paroissiales. Ces structures, « unités de base de l’EERV », et reposant sur des « solidarités interparoissiales parfois déjà en place », auraient une « identité ecclésiale et sociale » plus forte que celle des actuelles Régions, souvent jugées trop grandes, précisent Simon Butticaz et Laurence Bohnenblust-Pidoux, chargés de ce sujet. Elles seraient complétées par des « ecclésioles », « communautés de trois ordres : célébrantes, immersives ou contextuelles », notamment inspirées d’initiatives catholiques (diocèse de Lyon, par exemple). L’idée est d’accueillir les initiatives, mais aussi « de promouvoir l’unité et la solidarité », résume Laurence Bohnenblust-Pidoux. Chaque communauté serait dotée au minimum d’un poste de pasteur, mais aussi de deux postes de diacres ou animateurs d’Eglise qui, nouveauté aussi, seraient reconnus comme des ministres – mais le débat sur leur consécration serait abordé ultérieurement.
Inspiration politique
Pour améliorer les liens entre exécutif et délibérant, une série de pistes ont été dégagées : placer toutes les entités administratives de l’EERV sous l’autorité de l’exécutif, de manière à apporter de la « cohérence » à l’institution, explique Philippe Leuba, qui a travaillé sur ce sujet avec Dominique Kohli. Un chancelier, sorte de « mémoire » de l’institution, serait nommé, sa fonction calquée sur son équivalent au Conseil d’Etat vaudois; la présidence de l’EERV serait tournante, sur le principe du Conseil fédéral. […]