L’Église protestante unie de France porte sa réflexion pendant trois ans sur la question des ministères et de leur place dans l’Église. Lors du synode régional de la région Cévennes Languedoc-Roussillon, une des positions revenues pendant les travaux de groupe et les débats, reste la place de tous au sein de l’Église. De la plus petite main au ministère le plus en vue, en ne créant bien sûr aucune hiérarchie. Profitons de ce thème synodal pour rendre hommage à toutes ces petites mains qui œuvrent dans l’ombre au bien-être de tous pour que l’Église soit toujours dans la Lumière.
Le hasard des rencontres
Hélène Walter est une de ces petites mains. Les abonnés du Cep la connaissent bien puisqu’elle s’occupe de gérer, entre autres, les abonnements du journal. Un premier dimanche de septembre, à l’assemblée du Musée du Désert, une femme souriante et pleine de dynamisme arrive sur le stand du journal et demande au rédacteur en chef s’il n’aurait pas besoin de temps en temps d’une relectrice (N.D.L.R. : elle a relevé quelques coquilles qu’elle se propose de corriger). À ce moment-là, le journal cherchait une personne bénévole pour gérer les abonnements. Des renseignements sont pris auprès du président du conseil régional, Jean[1]Pierre Julian, ancien pasteur d’Hélène à Montpellier, qui voit en elle la personne idéale à ce poste. Après quelques jours de réflexion, Hélène accepte et intègre l’équipe de ceux qui font vivre votre journal, mois après mois… dans l’ombre. Si on retrace la vie de notre témoin du jour, on réalise assez vite qu’elle a toujours été présente dans l’Église, mais, comme elle le dit elle-même : « Je ne veux aucun titre ni aucune médaille. Quand on prend l’engagement de faire, on fait. »
Née d’une mère cévenole et d’un père alsacien, Hélène grandit à Meaux, y suivant un parcours classique de jeune protestante. Elle se souvient particulièrement des grandes fêtes liturgiques et des spectacles qui étaient donnés par les jeunes de la paroisse. Une paroisse petite, mais très vivante.
Les Cévennes au cœur
Son père ayant des problèmes cardiaques, sa famille décide de rejoindre Montpellier au climat plus clément. Ce lien avec le Midi et plus particulièrement les Cévennes a toujours été très fort. La maison de famille, au Rey, près du Vigan, s’ouvrait régulièrement pour les vacances.
À 15 ans, elle découvre la paroisse de Montpellier. Rapidement, après la fin de son instruction religieuse, elle rejoint la chorale des jeunes de la paroisse avec lesquels elle participe à plusieurs événements dont le synode national de 1963. La chorale participait à toutes les grandes cérémonies de l’Église et des concerts étaient organisés. Un disque a même été enregistré en son temps. Ce groupe d’amis continue à se retrouver, en particulier au restaurant du Foyer de la Jeune Fille – Habitat jeunes Montpellier, dont Hélène est membre du conseil d’administration.
Quand on lui demande quelle est son action au sein de cette association, elle a tendance à dire que des bénévoles plus qualifiés gèrent très bien l’organisation. Elle s’occupe de faire la pub pour le restaurant. Elle invite tous les amis qu’elle rencontre au centre-ville de Montpellier à aller prendre leur déjeuner dans cet espace convivial. Le bouche-à-oreille fonctionne bien.
Hélène vit à Paris pour sa carrière professionnelle. Elle fréquente la paroisse de Pentemont, puis l’église luthérienne de St Jean, un peu l’Oratoire. Mais elle ne se sent pas forcément bien accueillie. En fidèle abonnée du Cep, elle organise ses week-ends dans le Midi, une fois par mois, en fonction des cultes estivaux qui ont lieu dans le petit temple du Rey, là où sa mère réside. Là aussi, elle est une petite main. Avec sa mère, elles entretiennent le lieu et surtout elles le fleurissent – les fleurs sont une passion familiale. À ce moment de la rencontre, Hélène évoque des souvenirs de randonnées entre chez elles et Mandagout avec ses amis, pour aller déguster des tartes aux prunes chez le boulanger.
Savoir s’engager
Pour sa retraite, Hélène revient à Montpellier. Peu ou pas engagée, elle a d’autres activités. Elle suit en particulier les cours de l’Université du Temps Libre. En discutant, elle et des voisins de cours découvrent qu’ils sont tous les quatre protestants. Ils l’invitent à se joindre au groupe protestant de son quartier et, de fil en aiguille, elle rejoint la paroisse, où elle est accueillie par André Gounelle. Avec son épouse, Ginette Gounelle, Hélène entretient une profonde amitié. Elles partent toutes les deux sillonner les Cévennes et se retrouvent régulièrement… à Mandagout. Plusieurs amis rencontrés à l’Université du temps libre y résident.
Pour la première fois, elle devient membre d’une paroisse et s’engage pleinement. Membre du conseil du secteur centre-ville de Montpellier, elle s’occupe, avec d’autres, de l’accueil, de l’ouverture et de la fermeture du temple de la rue de Maguelone, mais aussi de gérer le planning de ce lieu situé en plein cœur de la ville. Mais laissons la Parole à Hélène : « Je suis comme la Marthe de la Bible, d’ailleurs mon deuxième pré nom est Marthe, je suis là présente mais dans l’ombre. » C’est à la fin de l’entretien qu’Hélène glisse un message que voici : « Pour autant que cela dépende de vous, soyez en paix avec tous. » (Romains 12.18)
Et Hélène se livre un peu plus : « Mais que fait-on ? Nous l’humanité contre la Création, la nature, les animaux et les autres hommes… mais que faisons-nous ? » Parce que pour Hélène, croire en Dieu, c’est croire en la vie !