Nous sommes installés en plein centre-ville de Saint-Nazaire, dans les bâtiments de cinq cents mètres carrés reconstruits après la guerre, dont une grande salle polyvalente. Nous faisons partie du patrimoine local.

Un accueil de jour

Avec quatre-vingt-dix bénévoles et deux salariés, nous accueillons sans condition les personnes qui vivent dans la rue, sont en rupture sociale ou se sentent isolées. Notre Soli’déj1 attire tous les matins une cinquantaine de personnes. Elles peuvent bénéficier d’un espace douche, d’un accès téléphone et Internet, d’une laverie, d’une aide alimentaire, d’un vestiaire d’urgence et de conseils administratifs. Nous avons également un pôle santé, une permanence psychiatrique et un groupe « Écoute et prière ». Toutes les personnes qui viennent à la Fraternité sont membres de l’association.

Notre rôle n’est pas de nous substituer aux services sociaux mais d’aller, avec l’aide de nos partenaires associatifs, chercher les personnes les plus éloignées des dispositifs sociaux pour leur permettre de faire valoir leurs droits et de commencer une démarche d’insertion. Nous travaillons en partenariat avec la municipalité et les associations locales, l’État et le conseil départemental.

Un espace de vie sociale

Au printemps, nous avons inauguré un espace de vie sociale, agréé le 1er juillet par la Caf2 . Pendant longtemps, la maison a été très ouverte sur Saint-Nazaire mais paradoxalement peu sur le quartier. Un diagnostic, partagé avec la municipalité, a révélé qu’il y avait un intérêt des habitants du quartier, demandeurs d’un lieu pour se rencontrer. On pensait que l’accueil de jour suscitait des réticences, ce n’est pas le cas. La mixité sociale est l’un de nos objectifs et fonctionne plutôt bien. Nous devenons la maison de quartier du centre-ville. Un animateur socioculturel à temps plein rejoindra l’équipe en janvier.

Cet espace de vie sociale propose des activités culturelles, ludiques, sportives, des concerts… mais également des cours de français pour deux cents personnes réfugiées. Le Café-fraté du vendredi rassemble les habitants du quartier. Nous projetons de créer de nouvelles activités pour développer ce que la Caf appelle « le pouvoir d’agir des habitants ». Avec l’aide des salariés et les moyens dont nous disposons, les personnes peuvent construire leur projet.

Auprès de tous nos interlocuteurs, nous sommes clairement une association d’inspiration protestante. Nous avons un lien étroit avec la paroisse qui est hébergée dans nos locaux et dont les membres sont très actifs au sein de la Fraternité. Notre spiritualité passe d’abord par la rencontre avec l’autre et la reconnaissance de ses difficultés. La proclamation de l’Évangile vient après, éventuellement, dans les discussions. 

Pour les cent ans de la Fraternité, nous avons organisé notre première fête du quartier avec de nombreuses animations et un grand repas confectionné par les personnes réfugiées. Nous sommes très fiers de cette mixité sociale ; quand les habitants du quartier et les SDF se côtoient, c’est une victoire. Quand les personnes accueillies au Soli’déj deviennent bénévoles et servent le matin, c’en est une autre. C’est très fort, c’est le début de l’insertion.

Pierre Lepetit, président de la Fraternité de la Mission populaire à Saint-Nazaire. Propos recueillis par Brigitte Martin

1 Petit déjeuner solidaire.
2 Caisse d’allocations familiales.