Marie-Laure Fenet, qui êtes-vous ?

Comme un poisson dans l’eau dans la foi chrétienne et dans ma vie d’Église depuis mes très jeunes années, j’ai grandi et continué à vivre ma foi en Jésus-Christ, en prenant une part très active dans l’Église protestante baptiste à laquelle ma famille appartenait – avec beaucoup de plaisir. Des études dans une école de commerce, onze ans dans le marketing d’une célèbre maison de couture, sept ans à mon compte en tant que consultante, des « concours de circonstances » plus tard et une formation théologique et pastorale dans la foulée… me voilà responsable locale de cette communauté en 2001, puis reconnue « officiellement » pasteure de la Fédération des Églises évangéliques baptistes de France. Je sers toujours le Seigneur au travers de cette communauté basée à Sartrouville, avec enthousiasme et bonheur, entourée d’une équipe pastorale très impliquée et créative !

Si l’habit ne fait pas le moine… ni le ou la pasteur·e, y a-t-il néanmoins un souci, une vision chez vous, de la manière de se présenter aux autres ?

Dans notre milieu baptiste, il est très rare que mes collègues revêtent la robe pastorale lors des célébrations. Je comprends cette tenue, sa couleur, sa forme, qui n’ont pas changé depuis Luther, comme une manière d’effacer le corps pour que la communauté ne voie que le ministre du culte, le serviteur, sans être distrait par l’habit, la parure. Pour ma part, je n’en ai même pas. Mais j’avoue que je choisis mes tenues vestimentaires avec soin et discrétion en fonction de ma personnalité, de ce qui sied à ma silhouette et au gré de ce que la mode propose comme tendances. C’est ma manière à moi de rendre l’Évangile accessible à mes contemporains, en étant avec eux dans l’air du temps.

Est-ce que la façon de se vêtir reflète la foi, et donc la façon dont j’entre en relation avec Dieu, les autres ?

Je reprendrais les mots de deux auteurs pour répondre à votre question. Dans son article Pourquoi l’être humain est-il le seul être vivant à se vêtir ?, Elsie Pomier, conseillère en image, écrit que le vêtement « est un élément qui vient traduire un état de conscience de soi envers soi-même, envers l’autre et envers Dieu. Le vêtement devient cette interface physique représentant notre état de conscience… Le vêtement représente. Plus que symbolique, c’est une icône mouvante. Il est le premier effet qui matérialise, exprime une conséquence. Le vêtement serait donc porteur de sens ». Oui, le vêtement représente, il permet d’exprimer, il permet de cacher, il permet d’entrer en relation, il permet d’appartenir…

Alban Cras, dans son livre La symbolique du vêtement dans la Bible (Éditions du Cerf, coll. Lire la Bible), dit : « Sans apparaître démodés ou décalés, mais en restant libres et toujours “revêtus du Christ”, les chrétiens choisiront donc une apparence digne et sobre, en même temps que joyeuse et belle, pour honorer un corps qu’ils ne veulent ni exhiber, ni mépriser ». C’est cet équilibre qui dit à Dieu, à ma façon je l’admets, que je lui appartiens et que je veux le servir.