Pourquoi avoir créé ce poste?
Guy Zolger : On y réfléchissait depuis longtemps. Je présidais la commission de l’aumônerie des établissements sociaux et médico-sociaux et faisais partie du conseil d’accompagnement des aumôniers de l’hôpital civil de Colmar. Je percevais l’importance du travail d’aumônerie mais aussi sa profonde mutation. Les soins se font de plus en plus en ambulatoire, les séjours à l’hôpital sont plus courts et l’accompagnement à domicile plus long. On a voulu tenter une expérience d’aumônerie à domicile, sans savoir très bien si elle répondait à un besoin. La commission d’aumônerie de l’Uepal, dont le pasteur Pascal Hubscher est responsable, a accepté de créer le poste. L’Asad accompagne entre 1 300 et 1 600 personnes par an. Il n’y a pas que des besoins de soins physiques, la prise en charge doit être globale, d’autant plus quand elle intéresse la dernière étape de la vie.
Quels sont vos premiers constats?
Julien Petit : Le plus souvent, ce sont les équipes qui me signalent qu’une personne désire me voir. Si la communication par téléphone est possible, j’appelle pour discuter un peu et convenir d’un rendez-vous. Ce premier contact avec la personne est important avant d’entrer à son domicile. Quelquefois, la demande émane des familles et il n’est pas rare que je voie aussi les aidants.
Concrètement, ça se passe comment?
JP : La visite dépend de la personne, de son état de santé, de ses attentes. C’est au cas par cas. Quelquefois, il n’y a pas de requête formulée. D’autres fois, les demandes sont très précises : des personnes veulent lire la Bible, d’autres posent des questions existentielles sur leur parcours ou m’interrogent sur le pardon, la guérison intérieure, l’après la mort. Au soir de la vie, on éprouve souvent le besoin de se retourner. Le crépuscule est proche et on se demande ce qu’il adviendra de la nuit. Les équipes sont déjà en prise avec ces questions-là. Moi, je peux aller plus loin, je prends le temps pour ça.
Il y a la prière aussi?
JP : Oui, la prière fait partie de ce que je peux apporter. Je m’assure toujours que la personne est d’accord. Les façons de prier peuvent être très différentes. Je m’adapte. De nombreuses personnes sont catholiques et il arrive que je les aide à reprendre contact avec une paroisse. D’autres sont fâchées avec l’Église : les relations personnelles prennent le relais quand il y a rupture avec les institutions.
Après six mois d’exercice, quel bilan dressez-vous?
JP : Je vois vraiment une pertinence à rejoindre les gens chez eux. Je me sens légitime par rapport aux questions qui sont abordées. Je suis également en contact avec les familles après un décès. C’est précieux parce qu’alors le lien est brutalement coupé avec les équipes, et c’est souvent difficile pour elles. Quand le soin dure des années, on s’attache. Mes collègues psychologues interviennent aussi.
GZ : Depuis que l’Asad propose cet accompagnement spirituel à domicile, on a des retours très positifs. Il est une réelle plus-value pour les bénéficiaires et les aidants, mais aussi pour les équipes. Il répond à un besoin, contribue au bien-être des personnes et a vraiment sa place. Tout le monde le dit, il fait la différence. Le domicile, en aumônerie, est un champ qu’il faut investir.