Fallait-il fêter les 50 ans de la pose de la première pierre du temple de GuilherandGranges, en octobre 2020, ou attendre octobre 2021, pour fêter les 50 ans de l’inauguration dudit temple ? Pour le conseil presbytéral de l’Église de Saint-Péray, la question ne semble pas s’être posée, tant l’idée de fêter de vieilles pierres semble loin du projet de cette commémoration. « Il s’agit certes d’un regard vers le passé, souligne Patricia Champelovier, la présidente du conseil presbytéral. Mais ce qui est frappant, c’est surtout de constater combien ce projet était fort, il y a 50 ans : c’était un sacré projet ! Un projet plein d’espérance pour l’avenir. Aujourd’hui, nous avons envie de marcher dans ces traces, dans cette espérance. Et, à tous ceux qui répètent la rengaine de l’« avant, c’était mieux… », nous voudrions répondre : « avance et t’es mieux ! » »

L’histoire, oui, mais aussi le présent, l’avenir !

Si le programme des festivités semble à première vue assez classique pour une commémoration de ce type avec cultes, conférences, exposition, animations, etc., l’esprit est résolument tourné vers l’avenir. Ainsi, deux conférences – d’Olivier Abel et d’Emmanuelle Seyboldt – ne reviendront pas sur le passé, mais souligneront bien plus les enjeux d’une parole protestante aujourd’hui. Il en est de même pour les expositions qui, certes, permettront de découvrir les archives autour de l’histoire de la communauté protestante et de la construction du temple, mais donneront aussi la parole aux paroissiens d’aujourd’hui et de chaque visiteur. « On sait que le passé ne reviendra pas, explicite le pasteur du lieu, Thierry Ziegler, alors, il faut vraiment que cet anniversaire soit pour nous l’occasion d’inventer quelque chose de nouveau. Il faut y aller autrement ! »

Un temple né de l’exode rural ardéchois

En 1826, un pont suspendu relie la ville de Valence à la rive ardéchoise ; un péage est établi. Les paysans ardéchois qui vendent leurs productions sur les marchés de Valence refusent de payer le péage ; ils déposent leurs marchandises dans des granges et ce sont les commerçants valentinois qui viennent les chercher et s’acquittent du péage. Le « quartier des granges » naît ainsi, sur la commune de Guilherand. En 1905, le péage disparaît et un pont en pierre est construit. L’exode rural frappe alors les terroirs protestants de l’Ardèche et des familles viennent s’installer au quartier des Granges tout en travaillant à Valence.

Après juin 1940, lorsque le pont en pierre fut détruit par l’armée française pour éviter une trop rapide invasion des troupes allemandes, il fallut trouver une solution pour que les protestants des Granges puissent avoir un lieu de culte. En mai 1952, un garage est loué et transformé en chapelle. Mais, le quartier des Granges a déjà effectué sa mue avec l’arrivée massive d’Ardéchois, dont beaucoup de familles protestantes (1946 : 1750 habitants, 1962 : 4450 habitants)… En 1957, une chapelle en bois est érigée. Il s’agit de la chapelle en bois donnée par les Églises américaines en 1946 à la commune du Pouzin en compensation des bombardements qui ont détruit le village. Dix ans plus tard, cette chapelle est ravagée par un incendie… En 1970-1971, le temple actuel est érigé – la commune compte désormais 9 000 habitants !

L’occasion d’un projet nouveau

Fêter les 50 ans de ce temple, c’est l’occasion pour la communauté locale de renouer des liens avec l’ensemble des habitants de la commune. Les dépliants présentant les festivités seront très largement distribués dans tous les lieux publics et commerces de la ville, ainsi que dans le plus grand nombre de boîtes à lettres possible. Fêter les 50 ans de ce temple, c’est aussi l’occasion pour le conseil presbytéral de remettre sur le métier l’ouvrage de la réflexion autour du projet de vie de la paroisse pour ce secteur de Guilherand-Granges. Les 250 familles protestantes habitant la commune et inscrites dans le fichier de la paroisse seront systématiquement contactées et rencontrées par des équipes de bénévoles pour les sonder sur leurs envies quant à cette Église.

Un beau projet, galop d’essai pour fêter dans deux ans les 200 du temple de Toulaud !