Je suis curieux d’en savoir plus… », « Je ne m’étais jamais posé la question de l’architecture », « On n’entrera plus dans ce temple de la même façon »… quelques réflexions glanées à l’issue de la conférence de Nicolas Westphal, architecte et président du conseil presbytéral deSète. Il a évoqué les caractéristiques de l’architecture protestante (plus spécifiquement réformée) avec de nombreuses photos : cette architecture est signe de l’implantation de la communauté dans la cité et elle est au service de la Parole et de la rencontre.
La cité
Par son architecture, un temple marque son intégration dans la vie de la cité. C’est le cas de celui de Nérac. Si son emplacement est dû au hasard des possibilités d’achat de terrain, sa construction au 19e s’appuie sur les idées impulsées dès le 17e : un bâtiment imposant dont la façade marque l’importance dans la cité et la légitimation de la religion protestante. Sa position au milieu d’un jardin –avec façade sur les allées qui traversent la ville– le détache des bâtiments privés au milieu desquels il se trouve et marque son rôle d’espace public. L’architecte Baltard, retenu pour cette construction à l’initiative de son ami le préfet Hausmann, a repris les plans du grand temple de La Rochelle –détruit, lui, aux temps de la révocation de l’édit de Nantes. Il intervient au milieu du 19e, soit tout juste une petite soixantaine d’années après que l’assemblée municipale de Nérac se fut préoccupée de l’existence de réformés à Nérac ! Les lois discriminatoires dont les huguenots étaient victimes n’étaient donc pas abrogées depuis longtemps… Son choix de construction, différent de son style habituel, était en lui-même un manifeste ! Nous qui nous interrogeons sur les nouveaux défis qui s’offrent à nous… nous pouvons oser à notre tour, et dans des conditions bien moins conflictuelles, affirmer notre présence dans la cité : que nos temples soient visibles, repérables ! Qu’ils soient signes d’un espace public accessible à tous !
La rencontre
Nicolas Westphal a ensuite insisté sur la deuxième caractéristique de l’architecture réformée : une « architecture de la rencontre et de la Parole ». De forme octogonale, le temple de Nérac propose un volume centré. Et que trouve-t-on au centre d’un tel temple ? Pas un objet ou une personne ! Au centre, il y a la communauté. Le temple est un volume centré sur la communauté, qui la met en valeur, « parce que c’est dans la communauté que quelque chose se passe lorsqu’il y a célébration du culte. » La chaire, c’est le cas à Nérac, n’est pas au centre de la communauté mais en vis-à-vis. Elle appelle au décentrement. Cette conférence a été une invitation à ne pas couvrir d’un voile de discrétion nos lieux de culte. Des lieux où nous pouvons nous retrouver, où nous pouvons accueillir, et qui par leur architecture bien souvent expriment notre façon de vivre la foi, c’est-à-dire notre « relation » à l’autre et au Tout-Autre. Des lieux où nous formons une communauté qui répond dans la louange à l’invitation qui lui est faite : une communauté « relevée », « redressée », libre à l’écoute de la Parole.