Comment la Fédération des Églises évangéliques baptistes de France (FEEBF) a-t-elle abordé la question des violences conjugales ?
– Au congrès de 2018, à Lyon, le président de la Fédération, Thierry Auguste, a prononcé un discours très percutant, appelant nos Églises à reconnaître que ce problème n’était pas seulement extérieur à nos Églises, mais s’y retrouvait également à l’intérieur. Une recommandation a alors chargé un petit groupe de travail d’étudier cette question.
Quels ont été les fruits de ce groupe de travail ?
– Dès cette année, une formation a été proposée aux responsables d’Église sur la question des violences conjugales, animée par des professionnels, sur des questions telles que la spirale de la violence, l’aide à apporter aux victimes, des pistes concrètes d’action. Une brochure très simple a été mise à disposition des communautés locales, avec des ressources, des numéros de téléphone, une sensibilisation aux signaux de la violence domestique, etc. Une charte d ’engagement des Églises contre les violences conjugales a aussi été diffusée pour un affichage dans les lieux d’Églises.
Comment avez-vous été sensibilisée à cette question ?
– J’ai vécu des situations de violences dans mon enfance au sein de ma famille, totalement déchristianisée. Plus tard, quand, au cours de ma formation en théologie, j’ai découvert que des femmes, au sein de mon Église, étaient victimes de violences, cela a été un choc ; dans un milieu chrétien, je pensais être dans un milieu sécure. Je me suis donc formée à la relation d’aide. En tant que pasteure, j’ai souvent recueilli des témoignages de femmes battues ; être une femme aide à passer de l’autre côté du voile opaque de la violence et du silence…
Comment vous êtes-vous saisie de cette campagne à Metz ?
– J’ai contacté des professionnels de mon entourage pour les solliciter et nous avons élaboré ensemble un programme d’une dizaine de conférences et ateliers pour cette année à Metz, pour que les gens puissent se former et s’informer. L’un des objectifs est d’aider chacun à sortir de son isolement. Nous espérons que ces rencontres puissent se vivre en réseau avec les centres sociaux, les maisons de quartier et les autres Églises.
Les faits
99, 100… 123… le décompte morbide résonne dans les journaux et les médias. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-compagnon. Ces féminicides ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la violence conjugale qui touche tous les milieux sociaux, toutes les catégories culturelles, toutes les situations de vie. Le gouvernement français a lancé début septembre un « Grenelle » des violences conjugales afin de développer des solutions pour que les victimes soient mieux prises en compte par les forces de police, les services sociaux et médicaux, et pour leur venir en aide plus efficacement. Les résultats de cette consultation seront rendus publics le 25 novembre.