Pourquoi faire un focus sur une si petite communauté ? Malgré l’absence de pasteur depuis vingt-cinq ans et le petit nombre de foyers connus, il se passe des choses à Aurillac ; en tout cas les protestants sont heureux de pouvoir se retrouver et célébrer deux cultes par mois dans une salle municipale.
Le profil des paroissiens est atypique par rapport aux paroisses historiques ; à Aurillac, les fidèles sont majoritairement des actifs et parfois des étudiants. On ne compte actuellement que huit retraités. L’école biblique et la catéchèse, interrompues temporairement faute d’enfants, a repris depuis plusieurs mois avec trois jeunes. La communauté ressemble à une grande famille ; point de dissensions, mais un plaisir de se retrouver et de vivre l’Évangile ensemble.
On se s’improvise pas pasteur ni prédicateur. Le besoin, au moins ponctuellement, de soutien se fait sentir. Pierre Zuber a assuré les célébrations pendant plus de quinze ans, avec l’appui de Serge Guilmin, notre dernier pasteur. Actuellement, quatre prédicateurs célèbrent alternativement et parfois conjointement les deux cultes mensuels. Les pasteurs issus du consistoire (Rodez et Brive) ont fait preuve de solidarité : formation de célébrants-prédicateurs, célébration de quelques cultes, séances d’école du dimanche et conseils avisés lorsque la paroisse rencontrait quelques difficultés. Pour préparer les cultes, nous utilisons les ressources à disposition sur le site national de l’EPU et recevons chaque semaine liturgie et prédication d’un ami pasteur. Nous faisons un travail de relecture et d’appropriation. La communauté gagne en autonomie, mais l’aide d’un pasteur est nécessaire pour les formations et dans les situations délicates.
Répartir les tâches
Le projet principal est d’assurer la pérennité de la communauté. Pour cela, il est essentiel de se répartir les tâches pour ne pas s’user. Chaque membre est ainsi responsabilisé et solidaire. Pour entretenir la dynamique, il faut prévoir des actions qui entraînent l’adhésion d’une majorité des membres. C’est ainsi que nous avons réalisé à l’automne un « culte malgache » en invitant les amis catholiques (liturgie et chants en malgache, prédication en français), suivi d’un déjeuner typique. Si certaines initiatives (études bibliques en soirée, cultes de maison) se sont soldées par des échecs, d’autres obtiennent un franc succès : par exemple les repas paroissiaux « tirés des sacs » à l’issue de rencontres studieuses où l’on aborde les sujets synodaux ; « la journée détente », après le dernier culte avant les vacances d’été, chez l’un d’entre nous, où nous discutons librement et dressons un bilan du semestre écoulé ; la « journée consistoriale », organisée avec Brive et Rodez en juin 2018, a mobilisé tous les talents des membres de notre Église. Enfin, pendant de nombreuses années, le culte parents-enfants de Noël a été l’occasion de présenter un petit spectacle réalisé par les enfants. Il réunissait une majorité de membres.
Les relations extérieures
Nous nous sommes attachés depuis quelques années à renforcer nos liens avec la communauté catholique : rencontres, actions et célébrations communes, en particulier la célébration œcuménique, co-célébrée par l’évêque et un pasteur ou un membre de la communauté. Cette année, elle a eu lieu avec quatre intervenants : Bruno Grua, évêque de Saint-Flour, Thierry Grenier, aumônier régional protestant des prisons, Nathanaël Didier, pasteur évangélique et Carole Chevenet, présidente du CP. Thierry Grenier, coordinateur de l’aumônerie de prison sur la région Rhône-Alpes, effectue ses visites en prison, y anime des célébrations et des études bibliques. Il est également président du groupe local de la Cimade, créé en 2003 par deux membres de la communauté, Agnès et Stéphane Fréchou. Ce groupe est très actif. Nous assurons également des visites aux patients hospitalisés qui en font la demande.
Témoignages recueillis lors d’une réunion paroissiale
Aude, Thierry et Yvette, arrivés dans la région il y a trois ans, ont apprécié la qualité de l’accueil et la chaleur de cette communauté vivante. Marie, secrétaire depuis 2006, souligne les difficultés rencontrées, l’engagement et la persévérance dont il faut faire preuve pour exister. Carole poursuit : « La communauté se compose de quelques membres français, de Malgaches, de Congolais, d’Allemands, de Camerounais et, selon les années, de personnes d’autres origines. » Si Aïna souligne l’effet positif du caractère multiculturel, Britta constate que le dynamisme des membres originaires du Sud contribue à la reconquista de la paroisse. Agnès, comme nous tous, apprécie la beauté des chants malgaches et les accompagnements musicaux très présents lors des cultes, avec Aïna à la guitare, rejointe lors des cultes de Noël par Harilala au hautbois et Aimé ou Ony au synthé. Pour Aimé, notre trésorier, l’école du dimanche est une école de la vie et c’est une base essentielle pour l’éducation des enfants. Pour conclure, la communauté d’Aurillac veut transmettre un message positif et rassurant aux paroisses sans pasteur : malgré les difficultés, il faut croire à la possibilité de continuer, ne pas se décourager et garder confiance.