Catherine Bergeron témoigne de la vie à la maison d’arrêt de Varces (38) en période de mesures sanitaires liées au Covid-19. Elle évoque les liens qu’elle maintient avec des détenus doublement enfermés.
Limiter les contacts
En pratique, en tout cas en ce qui concerne le centre pénitentiaire dans lequel j’interviens, cela revient à limiter les contacts : plus de visites en cellule, plus d’accès au quartier des arrivants, aux quartiers d’isolement ou disciplinaire. Les rencontres se font au parloir des avocats, mais à l’invitation de l’aumônier et les détenus hésitent à y aller. L’anonymat n’y est en effet plus respecté. Quant aux cultes, après avoir été supprimés, ils ont été rétablis avec un nombre limité de participants et sans célébration de la cène. En ce sens, les mesures de « l’extérieur » rentrent à « l’intérieur », rajoutant une restriction des relations personnelles aux conditions de détention.
Garder le lien coûte que coûte
Cependant, les détenus en comprennent bien les raisons ; ils se réjouissent des rencontres possibles autant que les aumôniers. Nous maintenons le plus possible le lien, en particulier par les échanges écrits. Quelles que soient les conditions, la mission reste la même : être au nom du Christ auprès des personnes en retrait, en souffrance, en solitude et continuer à leur dire que, malgré tout, ils sont enfants de Dieu. Ce ministère, tel qu’il est dans les conditions telles qu’elles sont, continue à s’appuyer sur le texte de l’évangile de Matthieu 25.31-46 : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » Il y aura des temps meilleurs pour chacun de nous…