L’Église a toujours eu un lien fort avec l’enseignement. Notamment l’enseignement de ce que contient la Bible. À l’image de Philippe courant derrière le char de l’eunuque éthiopien en Actes 8, les chrétiens ont toujours senti la nécessité d’expliquer, d’enseigner ce que révèlent les Écritures et ce qu’elles peuvent signifier pour nos vies. Pour parler d’enseignement, l’Église a repris un terme utilisé au tout début de l’Évangile de Luc, « catéchèse », ce qui signifie « faire résonner ». Aujourd’hui, force est de constater que le catéchisme a perdu de sa superbe… Dans l’inconscient collectif, il est devenu une leçon religieuse que l’on subit pendant les deux ou trois premières années de l’adolescence avant d’en être libéré par la confirmation… Pourtant, à la base, la catéchèse est censée être quelque chose d’extrêmement porteur, qui amène quelque chose d’utile pour nos vies. Comme son nom l’indique, cet enseignement n’est pas un apprentissage bête et méchant. Il veut être une « résonnance » tel un gong que l’on viendrait frapper. Cette catéchèse, depuis toujours, veut avoir un effet profond chez son auditeur, un contenu qui vient le toucher et qui résonne dans sa vie.

Instruire, se construire

Pour le protestantisme, la catéchèse est inscrite au plus profond de son ADN. Dès le début de la Réforme, en 1529, Luther publie son petit catéchisme (révolutionnaire à l’époque par sa forme de question-réponse) pour instruire le maximum de personnes. Beaucoup considèrent même que Luther a inventé le catéchisme parce qu’il a une volonté pédagogique nouvelle et même moderne puisqu’il pose les bases du catéchisme qui demeurent encore aujourd’hui : instruire ! C’est à dire « apporter des outils » pour que les croyants puissent se construire et faire des choix. Pour Luther, l’enseignement rend capable de reconnaître ce qui est de l’ordre de la superstition. L’instruction fait donc partie intégrante de la Réforme et son catéchisme, avec sa forme de question-réponse, va perdurer pendant des siècles.

Réforme pédagogique de Luther

Cette volonté pédagogique de s’adapter aux catéchumènes pour pouvoir apporter quelque chose dans leur vie va être repris dans les années 1970 avec l’essor de nouvelles formes de catéchismes. Lorsque la volonté de départ, d’apporter aux catéchumènes quelque chose de vital, a disparu et que le catéchisme a été estimé trop scolaire et rébarbatif, les catéchètes ont essayé de nouvelles formes avec des thématiques très diverses. En Allemagne, par exemple, l’apport de la pédagogie va révolutionner la catéchèse. Quitte parfois à lui faire quelque peu oublier son but premier : faire résonner un message évangélique…

Puis, dans les années 1980 et 1990, deux théologiens, P.L. Dubied et M. Baumann, ont marqué la pensée de la catéchèse en parlant « d’existentialisme ». La catéchèse devait alors toucher l’existence de ses auditeurs, venir leur parler en profondeur. Finalement, un retour à la volonté de départ ! D’ailleurs, eux-mêmes vont prendre pour exemple la pédagogie d’un certains « Jésus », révolutionnaire dans sa pédagogie par ses paraboles !

Près de 2000 ans plus tard, avec l’apport de la didactique, de la psychologie de l’enfant, des techniques de communication et d’apprentissage, nous découvrons que la meilleure méthode pédagogique qui ait jamais existé était déjà utilisée par le Christ. Une histoire « jetée à proximité » (parabole) de nos quotidiens qui nous propose indirectement un message décisif pour nos vies et nous met en mouvement… Trop fort ce Jésus !