Depuis la rentrée de septembre, les conseils presbytéraux en place ont discerné et appelé des hommes et des femmes pour intégrer cette instance qui se renouvelle, parfois profondément, de mars à mai. Les présidents de conseil et les pasteurs rencontrent et discutent. Car l’appel ne va plus de soi. Si, pendant des années, rejoindre le conseil était un « honneur », cela n’est plus le cas aujourd’hui. Autrefois, les conseillers étaient des piliers de l’Église, ayant même très souvent grandi dans la communauté. Leurs noms étaient quasiment inscrits sur les bancs des temples ! Actuellement, les membres de nos Églises – comme nos pasteurs – ont des parcours très différenciés : certains se sont convertis sur le tard, d’autres ont rejoint nos communautés après un questionnement existentiel ou après avoir connu d’autres Églises. La mobilité professionnelle vient, en outre, accentuer le nombre de personnes extérieures à nos communautés traditionnelles ; ces personnes offrent la possibilité de faire un « pas de côté ». Dans cette diversité, les membres sollicités pour rejoindre le CP questionnent le sens de la fonction, souhaitent peut-être le rejoindre mais sur des « bases spirituelles » solides.
La spiritualisation
Mais qu’est-ce donc que ces bases ? De nombreux conseillers presbytéraux ont quitté le conseil parce qu’il s’occupait trop de questions « matérielles » et pas assez de questions « spirituelles ». On n’y parlerait que de « budget », de « bâtiments », de « réserves » et pas assez de « mission », « d’évangélisation »… Si la question de la spiritualité est donc légitime, il ne faut pas la concevoir de manière fermée. Après tout, un événement « spirituel » réussi est forcément, aussi, un moment matériellement bien préparé. L’inverse est-il vrai ? Parvenons-nous dans nos CP à traiter nos questions, dites matérielles spirituellement ? Essayons-nous de réfléchir aux questions d’argent, de bâtiments à la lumière de Matthieu 6,24 (Mamon) ou encore de Luc 12,16-20 (augmenter ses réserves de blé). L’enjeu est là : parviendrons-nous à spiritualiser les questions de nos finances, de nos bâtiments, de notre communication? Car ces sujets doivent « être créateurs de vie, instaurateurs de relations, outils de correction des déséquilibres criants » (D. Marguerat)… Peut-être bien plus que la spiritualité, c’est cette spiritualisation qui est l’enjeu de nos conseils.