Juste avant la pandémie, un colloque sur la théologie verte a réuni une vingtaine de chercheurs à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. L’enjeu? Comprendre pourquoi cette pensée a mis tant de temps à émerger et être reconnue de la part des Églises. Publié sous la direction de Christophe Monnot et Frédéric Rognon, Église et Écologie, La révolution à reculons (Labor et Fides, 2020) regroupe des contributions issues de ces deux jours intenses, précieuses pour comprendre pourquoi Église et écologie furent longtemps deux thèmes n’allant pas de soi, voire franchement opposés.

C’est Lynn White qui, le premier, lance un pavé dans la mare. En 1967, ce médiéviste américain développe une thèse qui fera date: le christianisme, avec sa vision anthropocentrique du monde, serait à la racine de la crise écologique. Cette conférence est le point de départ de réflexions écologiques toujours plus poussées au sein des Églises. Dès les années 70, le Conseil œcuménique des Églises (COE), notamment, fait figure de précurseur, porté par une élite protestante et orthodoxe, stimulée par certains théologiens de la libération. Son programme Justice Paix et Sauvegarde de la Création (JSPC), élaboré dans les années 80 reste aujourd’hui une référence.

Curieusement, le Pape François dans sa célèbre encyclique de 2015 Laudato Sì, qui est aujourd’hui devenu un texte phare sur  […]