Par Claire et Jean-François Bonnefous, membres du groupe interconfessionnel de Toulouse
Comme dit Mino : « Ne reçoit-on pas beaucoup à l’écoute de l’autre, en découvrant la résurrection à l’œuvre chez l’autre et en lui disant simplement comment nous interprétons ce qu’il est en train de vivre ? La mission de l’Église ne consiste-t-elle pas aujourd’hui à aider l’humain à l’être en vérité, et qu’advienne en chacun un sujet qui dit « je » devant un Père qui lui dit « tu », à l’instar du Christ l’Humain véritable ? La mission nous déplace : qui est en mission vers qui ? »
Cela évoque une histoire que j’ai vue se dérouler sous mes yeux et que je peux interpréter comme une résurrection.
C’est l’histoire malheureusement trop banale d‘un réfugié qui fuit son pays pour échapper à la mort, abandonne tout et arrive en France en novembre 2019. Nous l’appellerons Jacques. Il découvre la rue, le froid, le vol, la solitude, la peur, la fuite encore. Il est orienté vers l’association Welcome qui propose aux demandeurs d’asile six mois d’hébergement dans six familles différentes, comme une pause dans l’errance, comme une main tendue dans l’attente de l’examen de leur situation administrative et d’une place en centre d’accueil.
C’est l’histoire de notre famille qui propose un mois d’accueil en janvier 2020 dans ce cadre, en réponse à la question de nos enfants qui nous demandent « Et nous, que fait-on pour les réfugiés ? ». À notre échelle, c’est une décision difficile et une prise de risque. En réalité le risque est limité dans le temps, avec le cadre et le soutien de l’association. Jacques arrive donc chez nous, pour un petit mois. Nous sommes la famille numéro deux, sa chambre est prête. Pour lui, c’est dur. L’avenir est incertain. Son épouse et ses trois jeunes enfants sont loin et pas forcément en sécurité. Nous ne pouvons pas mesurer son traumatisme. Cependant nous accueillons quelqu’un d’étonnamment positif dans ces circonstances et qui nous impressionne par sa foi en Jésus Christ et sa confiance dans la prière. Nous ne nous attendions pas à accueillir un chrétien et à partager la prière. Durant tout son parcours, Jacques fait confiance. Il vit toutes les étapes comme une bénédiction et une réponse à ses prières.
En mai 2021, dix-huit mois après son arrivée, il obtient enfin son statut de réfugié politique, avec le droit de travailler et de débuter une nouvelle vie. Mais il doit quitter le centre d’hébergement. Nous apprenons fin août qu’il a trouvé du travail et un logement. Message rapide sur WhatsApp : « Bravo tu es très fort, tu peux être fier de toi. » La réponse ne tarde pas : « Oui, oui, Jésus est très fort, c’est la prière, je suis content. Merci ! »
Quelle claque pour nous, que cette réponse, que cette foi. Depuis presque deux ans nous sommes témoins de ce chemin, de quelqu’un qui se relève dans la foi et la prière et espère maintenant un regroupement familial. Nous pouvons lire cela comme une résurrection et rendre grâce.
Nous avons offert un mois de fraternité. En revanche Jacques, en migrant pour se sauver, était peut-être en mission chez nous pour nous apporter le témoignage de sa foi et de sa confiance.