« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.9-20). Toutes les Églises ont donc vocation à être missionnaires. Mais certaines initiatives nous ramènent au sens primitif du mot mission : la création de nouvelles communautés ex nihilo ou par revitalisation d’autres en déclin majeur. On parle alors de projet missionnaire. Il correspond à un type de ministère pastoral évidemment différent de celui affecté aux paroisses dites classiques, néanmoins appelées à soutenir matériellement et spirituellement ces démarches pionnières. Il s’agirait plutôt de mandat en forme de « carte blanche » confié à un·e ministre censé·e s’adapter aux spécificités du lieu choisi. Cela prend du temps, de la patience et une énergie considérable, car rien ne permet de penser que ce qui a marché ici portera des fruits ailleurs.
Une théologie portée sur l’appel à la conversion
L’idée d’un lien entre une telle démarche et un courant théologique particulier ne s’impose pas. Le but visé ne concerne-t-il pas tout le protestantisme dans sa diversité ? Mais force est de reconnaître des affinités électives entre la démarche missionnaire et le courant dit évangélique. Cela s’explique car cette sensibilité théologique est très portée sur l’appel à la conversion et l’implantation de communautés nouvelles. De plus, le rôle central du pasteur-missionnaire, forcément seul au début pour lancer et diriger la démarche, se rapproche de la conception du ministère pastoral chez certains évangéliques. Mais le but n’est pas le même. Car les paroisses dites historiques cherchent à s’ouvrir à la cité et au monde tel qu’il est, alors que l’objectif de certains milieux évangéliques serait plutôt la création de communautés de foi, avec le plus d’adeptes possibles, prônant une vision de la société, souvent plus fermée et conservatrice.
Des fondamentaux à définir
L’Église protestante unie de France (EPUdF) refuse de faire du prosélytisme, mais se veut une Église de témoins. Ce n’est pas la même chose. Quelles peuvent donc être ses stratégies missionnaires ? […]