Après avoir listé les occasions de rire en Église selon les âges et les fonctions, Fritz Lienhard se demande si «un fil conducteur» permet «de relier conceptuellement ces différentes formes du rire dans la pratique ecclésiale». Peut-être nulle part mieux que dans la Résurrection dont le message «conduit à un rire spécifique» marqué par 3 éléments déterminants du rire en général: «le décalage, la joie et la globalité».
Y a-t-il un fil conducteur permettant de relier conceptuellement ces différentes formes du rire dans la pratique ecclésiale? Généralement, le rire conjugue des dimensions physiologiques, psychiques et sociales, qui interagissent et sont pourtant spécifiques. Mais il faut reconnaître la variété irréductible des différentes formes du rire. Le rire des enfants, et avec eux, est spécifique. Il y a un rire dépréciatif introduisant une distanciation vis à vis de son objet, créant un groupe et se distinguant d’autres groupes. On rit également pour ne pas pleurer, un rire de désespoir, et il y a un rire hystérique. C’est ainsi qu’il faut faire droit à la diversité des formes du rire entre la plaisanterie autour d’une bière, la moquerie, le rire de bonheur et de soulagement, le rire jaune. Toutes les formes du rire ne sont pas joyeuses et certaines peuvent être destructrices.
La notion de décalage pourrait éventuellement regrouper ces différents rires. Le regard des enfants invite au rire parce qu’il est décalé vis à vis des perceptions des adultes. Dans de nombreux cas, le rire est suscité par une sorte de rupture dans le discours, par rapport au caractère d’un personnage ou dans le déroulement des événements… qui ne se fait pas comme prévu. La formule n’est pas dénuée de sens: «Si tu veux faire rire Dieu, parle-lui de tes projets». Les blagues sont caractéristiques à cet égard. Certes, elles ne sont pas la forme la plus accomplie du rire. Elles le provoquent artificiellement et représentent une sorte d’humour en conserve. Il n’en demeure pas moins qu’elles fonctionnent également grâce à un décalage, celui de ce qu’il est convenu, en français, d’appeler la chute (1). Même le rire dépréciatif et […]