Tous les cinq ans environ, les pasteurs de l’Église protestante unie de France et de l’Union des Églises protestantes d’Alsace-Lorraine sont invités à prendre part à une session de formation organisée par la Communion protestante luthérienne et réformée.
C’est dans ce cadre que douze pasteurs français sont partis au Togo, à la rencontre de leurs homologues de l’Église évangélique presbytérienne du Togo (EEPT). Chacun s’est vu accueilli par un confrère togolais pour vivre et partager son ministère pendant dix jours, en mars dernier. Pasteurs togolais et français se sont également retrouvés pour des temps communs d’échange et de formation autour du thème Le pasteur, témoin de vie entre traditions et mutations familiales.
Pour Christian Barbéry, pasteur à Grasse, cette découverte des réalités d’Église était l’une des motivations premières de son inscription à ce stage et pour une première fois en Afrique noire. Il s’attendait à des différences fortes entre les deux pays, et celles qu’il a découvertes n’ont pas été une surprise : « j’avais envie de voir comment vivent les Églises là-bas et comment s’y exerce le ministère pastoral dans ce contexte ».
Le dimanche 10 mars, il était invité, comme les autres Français, à prêcher dans la paroisse de son hôte togolais. C’était à Kpalimé, une ville moyenne de 70 000 habitants, dans l’une des dix Églises presbytériennes de la ville et malgré tout, il y avait plus de 500 participants lors du culte ! « Au Togo, la religion est à tous les coins de rue, non seulement le christianisme avec ses Églises implantées de longue date et des Églises plus récentes, mais aussi l’islam et les religions traditionnelles… On est là-bas dans un monde encore “enchanté”. »
Se retrouver sur l’essentiel
Dans ces différences de contexte, aborder ensemble une thématique sociétale comme celle de la famille était une gageure pour les participants à ce stage, organisé en lien avec le Défap-Service protestant de mission. Pour Christian Barbéry, il a parfois été difficile de trouver un champ commun à explorer avec les collègues togolais dans les temps de partage autour de la famille, de ses évolutions, de l’accompagnement pastoral de ces changements ou dans les moments d’apports théologiques, anthropologiques ou sociologiques. « Les défis qui se posent à nous sont extrêmement différents entre ceux d’un monde “trop” religieux, où l’une des questions qui se posent est par exemple : “peut-on être chrétien et animiste en même temps ?” et ceux d’un monde sécularisé, par exemple celui de la bénédiction des couples de même sexe… »
Il reconnaît cependant que c’est autour de l’essentiel que Togolais et Français ont pu se retrouver : la lecture de la Bible et la prière. « Au culte, je me sentais chez moi, avec des chants issus de notre tradition et un déroulement où je me retrouvais parfaitement. Dans la lecture de la Bible, chacun y retrouvait le cœur de sa foi pour échanger avec les autres. » Après cet accueil chaleureux et vivant au Togo, c’est en France que la formation trouvera, en 2020, une suite, avec l’accueil des douze pasteurs togolais.