On a tous bien connu les salades de riz, et il en est d’inoubliables. Mais – est-ce la mode des télé-chefs cuisiniers qui est passée par là ? – il semble qu’aujourd’hui on soit nombreux à partager des plats plus élaborés. Il y a des régions où c’est dans l’ADN des fidèles : l’Alsace, le Sud-Ouest… inutile d’en rajouter. Mais partout ailleurs aussi, et dans les villes qui comptent désormais une majorité de citoyens, chacun non seulement apporte, mais commente ce qu’il ou elle propose.
Ne cherchons pas à savoir s’il est très « réformé » de s’attarder ainsi sur la nourriture qu’on absorbe… En tout cas, les solides traditions culinaires en régions et l’exigence de citadins curieux de nouveaux goûts font que les protestants, aujourd’hui, ne sont plus si austères que cela à table !

Le monde entier

Le repas de paroisse est encore préparé, parfois, par quelque « ancienne » dévouée, forte de décennies de passion culinaire. Ou bien c’est une équipe rodée, souvent féminine, qui est à l’œuvre, tel un bataillon. Mais les « repas partagés », où chacun apporte « quelque chose », offrent des occasions de varier les plaisirs.
Le buffet international, devenu incontournable avec le mélange des cultures, en est une version intéressante à d’autres titres. On découvre des « spécialités », on prend de tout et l’assiette devient en quelques secondes un mélange de délices, de la salade de légumes épicés au flan à la châtaigne ! Corée, Madagascar, Cameroun, Thaïlande, Chine, Haïti… Tous et toutes vivent à cet instant l’échange, le plaisir de donner accès à une part de son identité. Quand les mots manquent, le simple fait de se nourrir d’un plat confectionné par l’autre, c’est très fort.

Accueillir les préférences

Cette tendance a croisé ces dernières années les alimentations végétarienne, végan, crudivore… Lorsque le repas est à la charge de la paroisse ou d’une institution, il est parfois compliqué de faire évoluer les propositions. Pourtant, là aussi, d’autres habitudes se prennent progressivement. Penser à qui ne prendra pas de viande, ou pas d’œufs, ou pas de lait, c’est penser à chacun, chacune, dans sa singularité culturelle, ou son choix éthique, ou sa recommandation de santé… Une façon de mieux accueillir. Dans le cadre du dialogue interreligieux, la pratique n’est pas nouvelle.
Est-ce qu’on partage moins parce que chacun, au lieu de recevoir une portion du menu unique, va consommer selon son choix ? C’est une question… mais il y a aussi plus de diversité visible et plus de participation concernée. Car ce plat que vous appréciez, ce n’est pas seulement le mets qui parle de mon pays, c’est celui que j’ai cuisiné pour vous.

Des partages multiples

Il y a 20 ans, on n’aurait jamais pris en photo un plat ou une assiette bien remplie. Aujourd’hui, les portables se déchaînent, on « poste » et on partage avec les absents, parfois à l’autre bout du monde. Les bonnes recettes circulent aussi ! Et quand, dans une paroisse, on en vient à initier un atelier « Cuisine du monde », bio et écolo, c’est le summum : Amérique du Sud, Jérusalem… avec une autre dimension encore, très « Église verte », et qui crée du lien devant les fourneaux !
Alors, lorsque la pandémie nous aura oubliés, avant ou après le culte, rendez-vous en cuisine !