Par Catherine Westphal, membre du Comité National

Une Table ronde a eu lieu à l’AG avec le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, la secrétaire générale déléguée du Comité interministériel du Handicap et la pasteure Anne-Sophie Dentan-Verseils, aumônier à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, animée par la secrétaire régionale Nord Normandie Ile-de-France de la Fédération de l’entraide protestante.

Comment redynamiser la Mission populaire en un mouvement vivant et quel rôle, quel apport, quel impact peut-elle avoir aujourd’hui au sein du protestantisme français ?

François Clavairoly rappelle le contexte de sécularisation et de crise des institutions religieuses devant lequel se trouve la MPEF, et où l’identité des Eglises est questionnée. Trois réponses sont possibles :

  • un réarmement convictionnel qui insiste sur l’institution,
  • le sens; un engagement militant citoyen, l’institution passe alors au second plan, sans réelle efficacité;
  • un retour aux fondamentaux: ressourcement par la lecture de la Bible et la vie communautaire. La carte d’identité de la Mission populaire dans ce contexte est celle d’une Église porteuse d’un message, d’un plaidoyer, d’une expertise. « Pleinement Église, quand elle célèbre le culte et ne réduit pas l’annonce de l’Evangile à une simple conversation, et pleinement œuvre, quand elle porte avec les gestes requis une parole publique, quand elle soutient un plaidoyer, et quand elle valorise son ex-pertise auprès de ceux qui en ont besoin. La Mission populaire, ainsi instituée, traversera ce temps de mutation pour reformuler à beaucoup de nos contemporains le message d’une espérance imprenable. »

Comment élargir notre pratique sociale à une action plus globale qui renforce la capacité d’agir des personnes dans une société qui demeure inégalitaire et discriminante et où le pouvoir d’agir est déterminant ?

Face à la mise en concurrence, l’intervenante encourage à passer de l’assistance à l’engagement et à pratiquer une approche inclusive. Ainsi il est essentiel de considérer autrui avec toutes ses potentialités, et qu’il est capable de nous faire grandir, de nous apprendre. Cela nous invite à résister au désengagement de l’Etat qui sollicite les associations, en développant notamment du collectif, car les expériences communes rendent plus solides.

Comment dans le contexte laïc de notre société, et au cœur des actions sociales menées au sein de nos fraternités, pouvons-nous relever le défi d’être aujourd’hui encore une mission ancrée et portée par la parole évangélique ?

Anne Sophie Dentan-Verseils valorise une vie de fraternité qui accompagne les personnes dans leurs projets de vie, dans leur recherche de sens. Elle plaide pour la prise en compte de la demande d’accompagnement spirituel, par un réel travail d’écoute pour rejoindre l’autre et inviter à un travail intérieur qui permet de penser la vie, lui donner sens. Les Fraternités sont au cœur de ces questionnements, par les populations qu’elles accueillent au quotidien. L’écoute et l’accueil sont le cœur de métier de la Mission populaire, l’ancrage évangélique est fondateur, c’est à partir de lui que l’ensemble peut prendre sens. Dans l’auditoire, une envoyée partage son expérience : « Plus on fait table commune dans les frats, de ce qui nous anime, plus la parole se libère. C’est dans ces moments-là que je me sens à ma place », et une autre de la reconnaissance qui aide à prendre les décisions, qui conduit notre espérance et nous permet de la partager avec ceux qui viennent dans nos Frats.