Ensemble : Andreas, tu accueilles une stagiaire cette année ; dans quel cadre ?

Andreas : Débora fait son stage de cinquième année dans le cadre de sa formation théologique. Ce stage est obligatoire pour les candidats qui désirent devenir pasteurs de l’Église protestante unie de France. Le stage est structuré par des reprises théoriques en faculté. À la fin du stage, le candidat aura fait des expériences paroissiales et aura pu confronter sa théologie à la réalité de nos Églises locales.

Est-ce que cela engendre une modification de tes activités ?

Andreas : Les activités du pasteur qui accueille un ou une stagiaire ne sont pas profondément modifiées, car il s’agit justement d’une immersion dans la vie « quotidienne » d’un pasteur lambda. Et pourtant, à travers des rencontres très fréquentes entre stagiaire et pasteur, le quotidien change un peu. Au niveau du travail pastoral, le changement consiste à une ouverture sans retenue vis-à-vis du futur collègue.

Est-ce que cet œil extérieur sur tes activités paroissiales influence ta pratique ?

Andreas : Débora sera la troisième stagiaire que j’accueille. Certes, l’œil extérieur influe sur ma pratique comme chaque rencontre modifie en douceur nos pensées et notre manière de faire. Mais de manière plus sensible, les étudiants qui arrivent de la fac avec des belles théories, des bonnes théologies et une certaine « pureté » de l’enseignement nous obligent à repenser notre travail. Chaque fois qu’elle va demander : « Pourquoi tu fais ainsi ? », je serai obligé – heureusement – de m’expliquer et de lui expliquer mes gestes, mes pensées, le bien-fondé ou le mal-fondé de mon travail. Normalement nous devrions faire ce travail d’interpellation en permanence, mais puisqu’il s’agit d’un travail un peu pénible – car qui voudrait bien être « mis-en-question » ? – la présence du stagiaire nous pousse à cette autoréflexion, que j’ai bien appréciée chaque fois qu’il ou elle me posait des questions.

Débora, tu es stagiaire à Talence, quel est ton parcours ?

Débora : Je suis brésilienne et viens de São Paulo. Là-bas, j’ai fait une licence d’administration des entreprises et un master de ressources humaines. Par la suite, j’ai travaillé quinze ans dans une banque comme manager. Après ma conversion, j’ai décidé d’étudier la théologie pour mieux comprendre la Bible. J’ai fait une licence de théologie au Brésil, puis je suis venue en France comme missionnaire, envoyée par l’Église baptiste pour améliorer la situation de l’Église en Europe, c’est à-dire lutter contre le déclin du christianisme.

Qu’est-ce qui te motive aujourd’hui ?

Je veux m’engager pour proclamer la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans ce contexte de déclin. Depuis que j’ai étudié à l’Institut Protestant de Théologie (IPT) de Montpellier, ma lecture de la Bible est renouvelée, et j’ai envie de partager avec d’autres.

Quel est ton sujet de mémoire de Master 1 ?

Débora : J’ai fait un premier mémoire sur l’amour de Dieu dans la première épître de Jean et, touchée par les difficultés de relations au sein des Églises de la Fédération Protestante de France (FPF) depuis 2015, je travaille avec Christophe Singer, professeur de théologie pratique à l’IPT de Montpellier, sur un nouveau mémoire. Il porte sur les relations entre les Églises membres de la FPF : comment améliorer la situation au niveau de la communication et la pluralité de la lecture de la Bible.