Coup de tonnerre pour la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Alors que sa mission devait prendre fin le 31 décembre, la commission a appris lundi 11 décembre la continuité de ses missions ainsi que l’élargissement de son champ d’action.
Comme le détaille Le Monde, elle prendra en charge les mineurs victimes de prostitution ou de pédocriminalité en ligne. Elle se penchera aussi sur la formation des professionnels au contact des enfants “aux gestes les plus protecteurs” selon un communiqué du gouvernement.
Elle étudiera également les pratiques judiciaires sur ce sujet dans différents pays pour « évaluer les possibilités de transposition en France ». « Après trois ans de travail (…), il est essentiel de maintenir l’élan créé contre les violences sexuelles subies par les enfants », a commenté la secrétaire d’État à l’Enfance Charlotte Caubel, dans une déclaration transmise à l’AFP.
Un nouveau binôme
Différence majeure, la Ciivise accueille un nouveau binôme à sa tête actant le départ du juge pour enfants Edouard Durand. La Ciivise sera désormais présidée par l’ex-rugbyman et responsable associatif Sébastien Boueilh, qui s’est engagé “à assurer une continuité et à entrer dans une phase opérationnelle.” Il mènera cette mission aux côtés de l’experte judiciaire Caroline Rey-Salmon.
Un changement qui fait débat
Un changement de direction qui ne plaît pas aux associations, qui plaidaient depuis quelque temps en faveur du maintien du juge pour enfants Edouard Durand, fortement apprécié pour son indépendance et son franc-parler. Ce dernier, qui a indiqué ce mardi 12 décembre sur BFMTV-RMC « craindre pour l’avenir de la Ciivise », avait pris la tête de la commission lors de sa création en mars 2021, aux côtés de la responsable associative Nathalie Mathieu.
En deux années, la commission a recueilli plus de 30 000 témoignages et a fourni au gouvernement un rapport de 82 recommandations pour lutter contre ce « crime de masse”, qui touche selon elle 160 000 enfants chaque année.
Son indépendance agaçait
Edouard Durand, toujours sur BFMTV-RMC, pointe du doigt la décision du Gouvernement : « Ce n’est pas la couleur de mes cheveux, la forme de mon nez, ou les rayures de mon costume qui posent problème. Enfin, je l’espère. Si on veut changer, c’est pour changer la doctrine, la ligne. »
Son départ se préparait depuis novembre selon le HuffPost, qui cite un proche du dossier. Son aura médiatique, la mise en cause répétée du traitement judiciaire des violences sexuelles, mais également son indépendance agaçaient, selon des observateurs.
Les associations qui le soutiennent presque totalement ne comprennent pas cette décision, comme Arnaud Gallais, membre de la Ciivise et président de l’association BeBrave, mouvement de « survivants de violences sexuelles » : « Ecarter Édouard Durand serait une erreur stratégique. Le signal envoyé ne serait pas bon, ça remettrait en question quelque chose qui est essentiel pour les victimes, la question du lien. »