Jour de salut et de joie !

Paul est, je l’avoue, difficile à lire parfois. Celui qui se nomme lui-même apôtre des gentils, c’est-à-dire l’apôtre des non-Juifs, a effectué trois grands voyages d’évangélisation en multipliant partout les conversions. C’est sans doute cette expérience qui le rend intéressant, et notamment ici, dans ce passage de 1 Thessaloniciens. Avec habileté et agilité, il réussit à s’adresser aux chrétiens pour les enseigner et les conseiller en attendant la venue du Seigneur. En effet, pour s’adresser « aux frères », Paul va d’abord évoquer le cas des « hommes qui diront », parabole de ses correspondants qu’il va interpeller à la fin de son passage : « Mais vous, frères… ».

Quand et comment viendra le jour du Seigneur

Paul commence sa lettre par : « Au sujet de… ». L’expression laisse penser qu’il répond à une demande des dirigeants de l’Église. Mais il se peut aussi que ce soit purement rhétorique puisqu’il semble vouloir attirer l’attention des Thessaloniciens. Quoi qu’il en soit, cette formulation concernant les temps à venir nous rappelle les mots de Jésus lui-même dans les Évangiles : « Quand au jour et à l’heure, nul ne le sait, ni les anges qui sont dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul… ». Mais qu’il s’agisse d’une réponse à une demande ou une formulation rhétorique, le but semble être d’éclairer les Thessaloniciens sur les temps du jour du Seigneur et comment s’y préparer puisque ce Jour n’est connu que par Dieu seul. Ne sachant donc pas lui-même quand viendra le jour du Seigneur, Paul dit comment la venue de ce Jour interviendra : « comme un voleur ». Il souligne que les gens seront surpris (v. 3). Mais les Thessaloniciens, et par extension les chrétiens qui, eux, sont « enfants de lumière », ne devraient pas avoir d’inquiétude, car ce qui doit être connu, ils le savent (« vous-mêmes vous le savez parfaitement… ») : sous-entendu, par mon évangélisation ou peut-être par l’enseignement du Christ lui-même. Mais alors, que savent-ils déjà ?

« Soyons sobres, revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour »

Se préparer au jour du Seigneur Si les croyants ne seront pas surpris, c’est parce qu’ils sont «  fils de lumière ». Et c’est pour moi, ici, que se trouve l’essentiel de ce passage. Après avoir parlé « des hommes », Paul interpelle les croyants d’abord par un « vous frères », puis par un « nous » qui les assimile à lui-même, les mettant sur un pied d’égalité avec lui dans la foi. Mais attention… Il ne s’agit pas là de se prévaloir d’être « fils de lumière », mis à part donc, pour rester impassible. Au contraire.

Le chrétien est appelé à être vigilant. Prêt au combat en se défendant (cuirasse et casque) plutôt qu’en attaquant. Un combat contre le mal et pour la charité. Et pour cela, Paul indique la manière de s’y préparer : « mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour, avec le casque de l’espérance du salut » (v. 8)

Lever toute inquiétude

L’apôtre prend le temps de rappeler les épreuves et la foi des Thessaloniciens, avant de les exhorter à la pureté et au travail. Il s’attelle à écarter de leur esprit toute inquiétude  concernant la venue du Christ  : ce sera jour de salut et de joie pour ceux qui ont accueilli la foi chrétienne et qui s’y seront préparés. Et, au-delà des limites de ces quelques lignes de l’Épître aux Thessaloniciens, l’apôtre prend soin d’expliquer la manière dont Dieu opère. Il nous a destinés à entrer en possession du salut par la grâce en Jésus-Christ qui est mort pour nous afin de nous faire vivre avec lui, que nous soyons encore éveillés (les vivants Thessaloniciens qu i s’ inqu iètent de ce jou r du Seigneur), ou que nous soyons déjà endormis dans la mort (« les frères » Thessaloniciens qui sont déjà morts et dont s’inquiétaient les vivants). À ce propos, Charles Masson dira qu’avant la foi, l’espérance et l’amour qui fondent les chrétiens, Dieu avait arrêté la décision les concernant, décision accomplie en Jésus, mort pour nous.

  • Pour méditer 

Êtes-vous inquiet.e.s ou plutôt apaisé.e.s en ce qui concerne le jour du Seigneur ?

Comment vivez-vous votre préparation à l’avènement du Seigneur ?

En quoi cet enseignement de Paul sur la venue du Seigneur affecte votre (façon de vivre la) foi ?

Pensez-vous qu’un tel texte parle encore au monde aujourd’hui ?

Si, pendant une discussion, vous deviez défendre cet enseignement de Paul, comment vous y prendriez-vous ? Par quels arguments le feriez-vous ?

  • Présentation du livre

L’Épître aux Thessaloniciens invite l’Église à tenir ferme dans la foi. Elle attribue aux Thessaloniciens une « foi assez ferme  ». Dans cette lettre, Paul donne des directives aux dirigeants de l ’Église, rappelant les exigences de l’Évangile. Il tente de rassurer les Thessaloniciens sur le sort des frères décédés avant la venue du « jour du Seigneur » , et les invite à une vigilance accrue dans l’attente de ce jour. Enfin, il exhorte l’église et ses dirigeants à de bons rapports et les encourage à s’acquitter de leurs tâches avec amour et sagesse.

  • Texte biblique

1 Au sujet des temps et des moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous en écrive.
2 car vous savez bien, vous-mêmes, que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. 3 Quand les hommes diront, «Paix et sûreté !», alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l’enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n’échapperont point.
4 Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans l’obscurité, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur.
5 Vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres.
6 Ne dormons donc point comme les autres, mais veillons et soyons sobres.
7 Car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit.
8 Mais, nous qui sommes du jour, soyons sobres. Prenons la foi et l’amour comme cuirasse, et comme casque l’espérance du salut ». (1 Thessaloniciens 5,1-8).

  • Histoire

La date et le lieu de composition de cette Épître sont incertains. Mais on pense en général qu’il s’agit de la première des lettres de Paul et qu’elle a probablement été écrite à Corinthe, entre 50 et au plus tard 52 après J.-C. Suite à des émeutes, Paul fut chassé de Thessalonique où il fonda lors de son second voyage missionnaire une communauté chrétienne et réussit à gagner quelques Juifs et de nombreux Grecs. Il est probable que Paul ait passé plusieurs mois à Thessalonique, en tout cas le temps nécessaire, pour évangéliser une ville grecque païenne. L’idée semble juste puisque selon Actes 2 il y a exercé son métier. Mais là son ministère rencontra une forte opposition. Expulsé, il s’était alors réfugié à Corinthe où il resta un long moment (Actes 18). Ceux qui, à Thessalonique, hébergèrent les missionnaires, dont un certain Jason, furent arrêtés puis libérés sous caution. Probablement pour garantir aux responsables grecs que l’apôtre ne reviendrait plus prêcher la doctrine de sa nouvelle religion. De Corinthe, il prend des nouvelles de la communauté par le biais de Timothée. Ses rapports inspireront l’apôtre à écrire cette épître afin d’encourager et de fortifier cette Église.

  • Glossaire

Sobre : Le mot latin désigne quelqu’un qui n’a pas bu. Ici, il s’agit d’un appel à la vigilance en ce qui concerne notre vie de foi. Un appel à observer les règles de la morale  ; à mener une vie honnête.
Temps et moments : Ce sont deux termes différents qui renvoient à une unique réalité qui signifie : la date. Le terme grec traduit par « temps  » fait certainement référence à la durée. Tandis que celui traduit par «  moment » fait référence aux événements. C’est-à-dire « quand ».