SEL : Comment décririez-vous la culture du profit dans laquelle nous vivons ?
Thomas Poëtte : Le profit correspond au gain ou à l’avantage financier qu’une personne retire d’une activité économique. Si la culture du profit n’est pas forcément une nouveauté, il y a des éléments qui en sont caractéristiques aujourd’hui. La culture de profit contemporaine se démarque ainsi à la fois par le phénomène de mondialisation et par une course effrénée à la consommation. Le néo-libéralisme dans lequel nous vivons aujourd’hui doit être distingué du capitalisme du XIXe siècle. Aujourd’hui, il y a une plus grande dérégulation et une sorte de dévoiement des principes économiques que pose l’Écriture.
Il y a eu une évolution dans la façon de concevoir la notion de profit ?
Oui. Il y avait déjà un capitalisme au XIXe siècle qui était d’ailleurs largement influencé par le protestantisme (Max Weber). Mais sa perspective était différente. Pourtant, de nombreux auteurs chrétiens défendent notre économie actuelle en s’appuyant sur une vision du capitalisme qui n’a plus cours actuellement. Au XIXe siècle, les profits étaient principalement conçus comme un fonds que l’on allait réinvestir dans son entreprise pour la développer et créer de l’emploi. Aujourd’hui, on cherche surtout à maximiser ses profits pour pouvoir consommer davantage et augmenter son niveau de vie.
Pourquoi ces auteurs chrétiens font-ils fausse route ?
J’ai l’impression qu’ils raisonnent en termes de guerre froide avec une dualité libéralisme […]