Louis Schweitzer est pasteur et théologien. Il enseigne l’éthique et la spiritualité à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, ainsi qu’à l’Institut supérieur d’études œcuméniques de Paris. Cet article s’inscrit dans une série de 4 interviews réalisées avec lui sur le sujet de la pauvreté et du développement…

Qu’est-ce que la pauvreté ? Comment la comprenez-vous à la lumière de la Bible ?

Louis Schweitzer : La pauvreté est quelque chose de très variable. La notion peut être floue. On peut se considérer comme pauvre dans un pays riche en ayant infiniment plus que dans un autre pays ou dans un autre contexte. Mais j’ai l’impression que lorsque l’on parle de pauvreté dans la Bible, on parle surtout de personnes qui sont dans le besoin. On peut très bien imaginer quelqu’un qui choisit la pauvreté, qui veut vivre avec très peu de choses. Et je crois que d’une certaine manière c’était le cas de Jésus quand il était avec ses disciples. Il était pauvre puisqu’il vivait en quelque sorte grâce à un certain nombre de personnes qui étaient autour du lui. Mais il s’agissait d’une pauvreté qui était délibérée, qui était volontaire. C’est ce que l’on pourrait qualifier de pauvreté au sens positif du terme et, par conséquent, elle ne relève pas de la préoccupation spécifique du SEL.

Plus précisément, je pense que quand on parle des pauvres dans l’Écriture (ou dans le cadre du SEL), on fait référence aux personnes qui sont dans une situation de détresse à cause de leur pauvreté. Il peut s’agir de pauvreté matérielle mais aussi d’une certaine forme de dépendance. Dans l’Écriture, on va souvent parler de la veuve et de l’orphelin pour caractériser les pauvres et c’est justement parce que ce sont des gens sans défense. Ce sont des gens qui n’ont pas de ressources matérielles car à cette époque les enfants comme les femmes étaient dépendants du père ou du mari. S’il faut tout particulièrement prendre soin de ces personnes, c’est précisément à cause de leur absence de capacité à se défendre. Les gens plus riches ont toujours les moyens de défendre leurs intérêts ou de se procurer ce dont ils ont besoin. […]