Moïse a été un géant, mais comme pour tous les humains, sa mission n’a pas été couronnée de succès à cent pour cent puisqu’il est mort à la veille d’entrer en terre promise. Il a eu du mal à accepter cet inachèvement, mais personne n’est immortel, tout le monde a ses limites. Chacun à un Jourdain qu’il ne franchira jamais !
Le livre du Deutéronome se termine par la mort de Moïse et la désignation de son successeur, Josué, qui est chargé de mener la conquête de la terre promise.
Le livre de Josué pourrait être un des livres les plus encourageants de la Bible puisqu’il évoque la réalisation de la promesse faite à Abraham. Le problème est que la conquête est organisée selon des modalités qui sont inacceptables pour un lecteur moderne puisque Dieu déclare l’anathème, c’est-à-dire la purification par le vide des villes conquises. Dès la prise de Jéricho, il est écrit : « Ils frappèrent d’anathème tout ce qui était dans la ville : hommes et femmes, enfants et vieillards, bœufs, moutons et ânes, ils les passèrent au fil de l’épée[1]. » Une mise en œuvre de cette politique de purification ethnique trouve son aboutissement au chapitre 11 lorsqu’il est écrit que tout le pays a été frappé d’anathème[2].
Même si l’événement a eu lieu à une époque où les massacres étaient la norme, la Bible nous a plutôt habitués à marquer des ruptures avec les pratiques de son époque.
Les historiens et les archéologues ont montré que le récit a peu de crédibilité historique. Toutes les recherches montrent que la conquête a été progressive et s’est faite par assimilation. C’est pourquoi l’anathème doit être analysé spirituellement, comme une invitation à se séparer de la façon de vivre des autres peuples. La définition de la sainteté est un appel à être différent.
Si le judaïsme existe toujours de nos jours, alors que c’est un peuple petit qui n’a pas eu de terres pendant des siècles, c’est parce qu’il a cultivé sa singularité. Ce particularisme trouve sa source dans le commandement d’anathème qui ordonne de ne pas faire de compromis avec la façon de vivre de ses voisins.
[1] Jos 6,21.
[2] Jos 11,16-20.
Les murailles de Jéricho
Lorsque Dieu demande à Josué d’entreprendre le siège de la ville de Jéricho, le mode opératoire est singulier : « faites le tour de la ville, et que l’avant-garde passe devant le coffre du Seigneur… Il ne sortira pas une seule parole de votre bouche, jusqu’au jour où je vous dirai : “Lancez une acclamation !“ Alors, vous lancerez une acclamation[1]. » Ainsi fut fait… et les murailles se sont effondrées !
La prise de Jéricho ressemble plus à une célébration cultuelle qu’à une entreprise guerrière, et les prêtres y jouent un rôle plus important que les militaires.
[1] Jos 6,7,10.