L’expression cache pourtant une ambiguïté. Est-elle encore pertinente dans une société en recherche de sens ?
La foi en Christ ne justifie rien
De toute évidence, la justification est à l’origine un terme judiciaire. Le juge considère une personne comme juste. Par extension, de nombreux interprètes, s’appuyant notamment sur l’épître aux Romains, s’accordent à penser qu’en Jésus-Christ, Dieu considère l’homme comme juste alors même qu’il est pécheur. En d’autres termes, Dieu regarde l’homme à travers les lunettes du Christ.
Cela évite les écueils de l’autojustification et de la culpabilité. Nul ne peut, par une pratique assidue de la religion, des actes de solidarité ou l’exigence d’un devoir accompli, se considérer comme juste aux yeux de Dieu. La force de la découverte de Luther est qu’on ne devient pas juste par sa foi EN Jésus-Christ, mais par la foi DE Jésus-Christ. Cela aide à ne pas se prendre pour un saint. Mais à quoi donc sert la justification et en a-t-on encore besoin ?
Être rendu juste
Certains objectent que c’est trop facile d’être considéré comme juste. Aucun effort n’est demandé. D’autres posent la question de l’utilité : justifié, mais de quoi ? Pour la société, le sens de la vie est avant tout centré sur l’individu. La recherche de spiritualité et de sens est donc un projet, ce qui évacue la question d’un ailleurs. Le monde est avant tout celui dans lequel on vit, ce qui implique une attention portée à l’écologie et la solidarité, mais ce monde n’est pas reçu d’un autre, pas même de Dieu. Le mouvement naturel de la foi contemporaine est ainsi de chercher le spirituel, plus que de le recevoir.
Pourtant, dans le mot « justification », la « fication » vient du verbe « faire » au passif. Il ne s’agit pas d’être considéré comme juste, mais d’être FAIT juste, d’être rendu […]