Durant une bonne partie de ce mois de mai, c’est presque tout le règne de Salomon dont nous lisons les récits dans le premier Livre des Rois. Ne manque que sa fin peu glorieuse, marquée par un retour de l’idolâtrie sous l’influence de ses trop nombreuses femmes. Mais le début du règne du grand roi n’est pas non plus exemplaire.

On nous raconte en effet des vengeances et des exécutions extrajudiciaires décidées par le souverain. Adonias, Joab et Shiméï sont tués sans jugement, sans pouvoir se défendre, ni en paroles ni par les armes. Et cela nous est raconté sans même que le rédacteur ne semble s’en offusquer, comme s’il était normal qu’un pouvoir se mette en place de cette façon. Mais nous, lecteurs d’aujourd’hui, sommes choqués.

Pourtant Salomon est considéré comme le modèle même de la sagesse. Sa modestie, sa piété, sa capacité à gouverner et à construire, sa perspicacité en tant que juge sont bien mises en valeur dans les passages qui nous sont proposés ce mois-ci. Par ailleurs, on lui attribue plusieurs livres bibliques de sagesse. Et pourtant, c’est bien en despote sanguinaire qu’il est présenté au début de son règne. Cette ambiguïté, ce contraste même, concernant le plus grand roi biblique, nous interrogent alors qu’en France une personne vient d’être élue à la présidence de la République, suivi d’un renouvellement des députés et du gouvernement.

Le cas de Salomon nous invite à être lucides sur ceux qui nous dirigent, à ne pas trop attendre d’eux, mais aussi à être critiques quand il le faut. Même légitimes, les pouvoirs en place ont toujours la tentation, une fois installés, de décisions non concertées, voire de passages en force. Salomon était à la fois législateur, gouvernant et juge. Nous constatons que malgré ses qualités, il n’a pas toujours su ou pu faire la part de choses. Veillons à ce que les pouvoirs, séparés, aujourd’hui, chez nous, le restent bien, harmonieusement.