C’est peut-être pour cela que Jésus a lutté contre tout ce qui empêchait les hommes de manger les uns avec les autres.

Les Évangiles nous narrent plus de récits de repas que de prières ! Dans un de ces repas, celui chez Lévi, Jésus mange avec des collecteurs d’impôts et des pécheurs (Marc 2.13-17). Tous les Évangiles s’accordent sur ce point (Matthieu 9.10-11 ; Luc 19). C’est donc une des caractéristiques principales de la vie de Jésus. : rien ne doit empêcher la relation ! Aucune loi, serait-ce celle de Moïse, aucune tradition, pas même celle des Pharisiens ! Car c’est bien au nom de ces règles que les Pharisiens s’indignent et s’offusquent des repas que Jésus partage avec les gens de mauvaise vie, ceux qu’ils rangent dans la catégorie des pécheurs, des impurs : les malades, les lépreux, les prostituées, les païens, les collecteurs d’impôts… Un tel mépris, en raison de l’origine, de la nationalité, de la santé ou du travail, scandalise Jésus, et d’autant plus s’il se pratique au nom de Dieu.

L’impur religieux et laïc

Aujourd’hui, en France, nous n’avons plus de règles régissant nos repas. Ceux-ci ne sont pourtant pas évidents. Loin de là… La question des repas étant centrale sur le plan écologique, mais elle divise la société. Il y a les végétariens, les vegans, les flexitariens, les slow food, les crudivores, les viandards. Certaines de ces positions peuvent très vite tourner à l’idéologie, voire même au dogmatisme religieux. Avec ce qu’il a de plus dangereux : des devantures de fromagerie et de boucherie saccagées, des bouchers menacés… L’intolérance est de mise, comme dans toute hystérie religieuse. Or, celle-ci gagne de plus en plus de personnes. Il devient, de fait, dans de très nombreux cas, très difficile de manger ensemble. Les uns ne veulent pas se mettre à table avec des personnes qui consomment de la viande (participant d’un système qui fait souffrir l’animal et détruit la planète), les autres se sentent jugés, culpabilisés et refusent de partager un repas dans ces conditions.

Le Christ est un bâtisseur de ponts et non de barrières. Ceux qui se réclament de lui doivent sur ce point l’imiter. Certes, il nous faut changer nos modes de vie, être les chantres de la modération calvinienne, pour être fidèles au commandement du Créateur de garder sa création. Mais cela ne peut passer par le mépris de personnes qui ne pensent pas comme nous. Il nous faut savoir nous faire tout à tous, comme disait Paul dans un autre contexte. La commensalité est une occasion unique de rencontre et de partage de l’autre/Autre. Rien ne doit empêcher cette relation.