Noé navigua durant les 40 jours et 40 nuits que dura le déluge ; Moïse erra 40 ans dans le désert; Jésus porta sa croix dans la montée au Golgotha… De l’Ancien au Nouveau Testament, plusieurs figures ont marqué le christianisme de leurs prouesses. Tirée des codes gréco-romains, l’illustration sportive en tant que telle se retrouve dans les écrits de Paul, et par exemple dans la Première lettre aux Corinthiens. Paul y mentionne l’ascèse, la préparation mentale et l’alimentation auxquelles se soumet l’athlète pour atteindre la victoire. Une image qui évoque les objectifs, les beautés, mais aussi les difficultés de la foi chrétienne et les vertus à cultiver pour s’unir à Dieu. La comparaison apparaît presque de la même manière dans 2 Timothée, avec la métaphore du soldat, de l’athlète et du paysan qui souffrent, à l’instar du chrétien supportant tout pour obtenir le salut en Christ.

«Pourtant, la Bible se méfie des performances», souligne le théologien Luc Bulundwe, spécialisé dans les littératures pauliniennes et la littérature chrétienne antique. Un bon exemple est celui de David, antihéros biblique qui vainquit Goliath. «Ici, la performance est celle de Dieu», relève le théologien. Cette métaphore est reprise par Paul, sous la forme d’une glorification de la contre-performance. «Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort» (2 Corinthiens 12: 10). «C’est dans la faiblesse, la souffrance et la mort que se trouve un certain honneur, à la suite du Christ mort sur la croix. C’est le paradoxe de la victoire dans la défaite. Finalement, un échec humain peut révéler la victoire de Dieu», note le théologien.

Si au Moyen-Age le catholicisme a exalté l’image d’une Eglise puissante, grâce à la construction des cathédrales, le protestantisme, lui, a montré […]