Dans le septième chapitre de la Genèse, le récit biblique décrit le Seigneur modelant la terre glaise, puis lui insufflant le souffle de vie. Ainsi cette matière inerte devient un être vivant, une créature merveilleuse, selon les mots du roi David (Psaume 139.14).

Une vision du prophète Ézéchiel (Ézéchiel 37.1-10) évoque le corps de façon extrêmement imagée à partir d’ossements desséchés qui reviennent à la vie, en reformant un squelette, qui à son tour est recouvert de muscles, de chair et de peau. Ces corps inertes, morts, reprennent vie lorsque le souffle, l’Esprit du Seigneur, les pénètre à nouveau.

Cette vision évoque l’acte (re)créateur, comme une invitation à revivifier son existence par l’action du
souffle divin.

Un corps pour glorifier Dieu

Le Verbe divin lui-même, en choisissant de s’incarner, va vivre pleinement dans ce corps fait de chair et de souffle. À sa mort, il expérimentera la résurrection, devenant ainsi pour l’humanité entière une espérance (Jean 1.18). L’apôtre Paul décrit le bénéfice de cette résurrection en ces termes : « Et si l’Esprit de celui qui a réveillé Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a réveillé le Christ d’entre les morts fera aussi vivre vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » (Romains 8.11)

Paul présente le corps comme le temple de l’Esprit saint et exhorte le croyant à glorifier Dieu dans son corps (1 Corinthiens 6.19-20). « Tout est permis, dit-il, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais moi, je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. » (1 Corinthiens 6.12) Par ces paroles, la libération qu’apporte l’adhésion à Christ offre à l’être humain une pleine possession de sa vie, de son être tout entier, celle-ci se manifestant notamment à travers son corps.

L’apôtre Paul invite ainsi le croyant à « offrir son corps comme un sacrifice vivant, saint et agréé de Dieu » (Romains 12.1). Cette formulation peut paraître étrange. Ici, le corps évoque bien plus que l’enveloppe matérielle de l’être humain. Il sous-entend la personne dans son entièreté. Cette invitation exhorte les croyants à considérer leur vie dans toute sa richesse et à l’offrir en sacrifice, reconnaissant ainsi en Dieu la véritable source de toute vie et de tout bien.

L’Église est un corps

Le corps créé, fait de chair et de sang, porte son humanité, avec ses forces et ses faiblesses. Le langage biblique emploie cette réalité corporelle pour enseigner, interpeller et exhorter. Paul utilise l’image du corps humain composé d’un ensemble d’organes comme paradigme à sa conception de l’Église, organisme vivant du Christ et de ses fidèles (Éphésiens 1.22-23).

Cette allégorie met en avant l’unité du corps du Christ, l’Église, dans une diversité de fonctions pour accomplir sa mission (1 Corinthiens 12.12). Par le baptême, l’Esprit unit les croyants entre eux et au Christ (1 Corinthiens 12.13), qui en devient la tête (Colossiens 1.15, 20, 24 ; 3.15 ; Éphésiens 1.10, 22-23 ; 2.16 ; 4.4-16 ; 5.22-33).

C’est par l’Esprit également que se vit en elle et par elle l’amour du Christ (1 Corinthiens 13). Bien que, dans certains de ses textes, le corps puisse être l’instrument et le siège du péché, Paul ne manque pas de rappeler que « nous sommes son ouvrage [de Dieu], […] créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous nous y adonnions » (Éphésiens 2.10).

La Bible nous invite, tout au long de ses textes, à envisager le corps comme une œuvre magnifique, expression de la volonté de Dieu et porteuse de son projet de vie. À ce titre, le corps est digne de respect et appelé à exprimer dans sa plénitude l’identité de son Créateur.