Par Nelly Gatta, pasteure de l’ensemble Causses

Il est des livres que nous n’avons pas gardés dans notre Bible. Le Livre de la Sagesse, écrit en grec à Alexandrie, au Ier siècle avant notre ère, en fait partie. Pourtant, en parcourant ces pages, nous avons l’impression d’entendre une voix familière. Ce texte parle d un dieu patient, créateur, aimant.

Le passage des chapitres 11 et 12 est bouleversant : « Tu as pitié de tous, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur les péchés des hommes, pour qu’ils se convertissent » (11.23). Quelle étrange définition de la puissance de Dieu ! Là où nous attendrions la force qui sanctionne, la rigueur qui tranche, le texte célèbre la patience de Dieu. Comme si la vraie toute-puissance se révélait précisément dans la retenue. Le Dieu de la Sagesse n’est pas pressé : il attend, il laisse du temps, il donne encore une chance. Sa puissance n’est pas violence, elle est miséricorde.

Dieu nous libère de nos enfermements

Parfois, nous autres humains, nous rêvons d’une autre puissance. Nous cherchons dans la force immédiate et nous risquons de vouloir imposer notre volonté allant même dans une posture de contrôle sur l’autre. Et lorsque l’histoire devient incertaine, que les menaces s’accumulent, nous pouvons nous tourner vers des sécurités illusoires. Alors surgissent les nationalismes : promesses de protection, exaltation de frontières, discours de suprématie. Comme si se refermer sur soi pouvait conjurer la peur. Comme si se proclamer « maître chez soi » suffisait à se croire tout-puissant. Mais cette puissance-là est trompeuse : elle naît de l’angoisse et ne produit que de la division. Derrière le masque de la force, se cache une immense fragilité.

Le Livre de la Sagesse déplace radicalement ce regard. Il affirme : […]