Dans le langage courant, « une traversée du désert » désigne une période difficile, un vide dans le bouillonnement de l’existence.

Dans la Bible, le désert est un endroit ambivalent : lieu inaccessible où l’on envoie les boucs chargés des péchés du peuple (Lévitique 16), mais aussi lieu de refuge pour Moïse qui s’y cache quand il veut offrir des sacrifices à Dieu sans être lapidé par les Égyptiens (Exode 8). Un peu plus tard, le désert continue à être ce lieu paradoxal, de libération de l’esclavage en Égypte et, à l’opposé, lieu de la soif, de la faim et de l’attente, tout ceci étant qualifié de « pire que l’esclavage »…

Mais le désert est essentiellement le lieu de la révélation divine ; dans le manque, Dieu se manifeste. Il est comme un homme qui porte son enfant sur tout le chemin, Il donne le nécessaire à la survie (l’eau, la nourriture) et se fait ainsi connaître (Deutéronome 1.31 et 8.15). Toutes ces manifestations divines au désert sont pédagogiques : Dieu se donne à retenir comme celui qui offre les richesses et fait alliance. Le désert, espace de transition entre une vie sans Dieu et un « après » avec Dieu. Il fait tout cela afin « que vous sachiez que je suis le Seigneur Yahvé, votre Dieu ». (Deutéronome 29.4)

Le passage au désert est une transition nécessaire pour comprendre la perspective de salut de Dieu pour l’être humain. Transition du trop-plein de l’existence vers un vide salutaire d’écoute et de reconnaissance du divin. Jean le baptiste ira au désert pour annoncer la nouvelle révélation en Jésus-Christ en criant : « Préparez les chemins du Seigneur ! »

Pour Jésus, le désert est aussi ce lieu de transition entre sa vie d’avant et le début de son ministère habité par l’Esprit reçu. Tout au long de son existence, le désert demeure un lieu de proximité avec Dieu, d’écoute, de prière. Partir au désert ne désigne pas nécessairement un grand voyage, mais plutôt un déplacement intérieur d’accueil et de reconnaissance de ce Dieu qui fait advenir une vie nouvelle.