Le discours de Jésus, tel qu’on peut le découvrir dans le Nouveau Testament, est fleuri, imagé. Au-delà des paraboles, il y a de nombreuses images, métaphores, avec des animaux. Parmi eux la vipère, sans doute redoutée par les paysans. Aussi, quand Jésus traite ses auditeurs de « génération de vipères », cela devait leur parler : « Génération de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l’êtes ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. » (Mt 12,34-35 ; voir aussi 3,7 et 23,33)

Hier et aujourd’hui

Les propos de Jésus renvoient à la parole. Par ses mots, l’homme peut faire mal, détruire l’autre. C’était le cas hier et cela se vérifie encore aujourd’hui. Début avril, Fabien Lecœuvre, un chroniqueur musical à la télé et à la radio, a dit sur le plateau d’une web-radio : « Quand vous regardez Hoshi, par exemple, qui a un talent incroyable, indiscutable. Mais enfin : vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre, vous ? Elle est effrayante. Quand je dis cela, je n’ai rien contre cette fille qui est géniale, qui a du talent. Mais qu’elle donne ses chansons à des filles sublimes comme des Vanessa Paradis, des Vartan, des Sheila à 20 ans, des Françoise Hardy… Il y a plein d’interprètes magnifiques. »

Hoshi a été choquée, très choquée, par ces propos. Comme sa maman, d’ailleurs. La jeune chanteuse s’est demandé ce qu’elle avait fait pour mériter de tels propos. Qu’est-ce qu’elle avait fait à cet homme pour qu’il dise cela ? Sur elle ? Elle s’est sentie coupable…

La confiance

Au-delà du propos, profondément sexiste et misogyne, de tels mots ont le pouvoir de ruiner la confiance en soi. Ils détruisent l’estime de soi. Ceux qui les entendent peuvent se dire  : «  Je ne suis pas assez beau·belle, pas assez intelligent·e, pas assez fort·e, pas assez qualifié·e pour faire, pour être »… De tels mots ruinent aussi le lien entre générations. En créant une sorte d ’âge de péremption (20 ans) au-delà duquel les femmes ne seraient plus présentables, plus assez belles… De tels mots contribuent à faire croire aux aînées qu’elles ne sont plus capables, qu’elles ne doivent plus se montrer, faire part de leurs idées. Elles, mais aussi ils, seraient, pourraient être dépassés.

Et ce sentiment de « dépassement » est très prégnant aujourd’hui. Ces propos sont ceux du serpent, de celui qui veut nous diviser, entre nous et en nous, nous mener au découragement, à l’abattement, comme disait Martin Luther. Ne les écoutons pas. Écoutons les propos de Dieu et de tous ceux qui font entendre sa voix. Des propos qui donnent confiance, qui permettent de tenir debout, d’avoir confiance en soi.

Des propos qui nous certifient que nous ne sommes pas aimés de Dieu parce que nous sommes beaux (forts, intelligents, fidèles…) mais qu’au contraire, c’est parce que nous sommes aimés de Dieu que nous sommes beaux. C’est son regard bienveillant qui nous donne de nous accepter tels que l’on est, avec nos forces et nos faiblesses. C’est son regard d’amour qui nous donne de savoir donner confiance à l’autre, par nos paroles, nos regards, nos gestes. Et générer ainsi pour des générations la confiance.