Par Jean Serge Kinouani, pasteur à Saint-Sauveur-de-Montagut (Ardèche)
Le récit de la naissance de Jésus présente deux figures de Marie. D’un côté, une Marie innocente, ignorante, surtout réceptive et qui s’étonne même des choses qui lui sont annoncées par l’ange Gabriel (Luc 1.26-38). Du « comment cela serait possible » (v. 34) au « qu’il me soit fait selon ta parole » (v. 38), l’auteur lucanien montre la foi d’une jeune femme qui s’engage dans le projet de Dieu. De l’autre côté, une Marie vaillante, galvanisée par les paroles de l’ange et qui se met à annoncer un oracle dévoilant la rétribution divine (vv. 51-53).
Humilité du peuple et d’une seule
De Marie la fidèle à Marie la prophétesse, Luc souligne un déplacement très significatif. L’expérience de Marie n’est pas un repli sur soi, nulle part elle ne se vante de cette faveur ; le regard que Dieu jette sur son humilité (v. 48) présuppose celle de tout le peuple (v. 54) ; son élévation est celle du peuple d’Israël.
Accomplissement des plans divins
À travers la figure de Marie – celle qui était enfermée dans une féminité cloisonnante –, Dieu fait accomplir ses plans dès lors qu’une parole fait irruption dans l’histoire de son peuple. Les paroles du Magnificat résonnent bien avec celles de Paul qui évoque la libération de l’esclave (Galates 4.4- 5). La naissance de Jésus renvoie à la condition humaine, puisque né d’une femme et assujetti à la loi. Marie est celle par qui transite l’humanité de Jésus-Christ. L’acceptation de cette condition humaine a pour mission de rendre libre le croyant qui se trouve sous l’emprise du péché.
Comme Marie, Dieu est capable de faire incarner en nous ce dépassement afin de lutter contre les inégalités et les injustices sociales ; c’est aussi une manière de nous rassurer, qu’il soit venu nous chercher au fond de nos abîmes pour nous élever jusqu’à lui.