Dina a été longtemps déconsidérée par les interprétations des rabbins, dans ce qu’on appelle le Midrash, la compilation de commentaires contradictoires de la Torah. En effet, elle est sortie de sa tente, de son campement – du cadre, en somme. Innocente, Dina n’avait souhaité que se faire de nouvelles amies, dans un pays où son père avait enfin réussi à s’installer, mais sa simple vue fait perdre ses sens à Sichem, le fils du chef du pays. Il l’enlève et déshonore la tribu.
Certains commentateurs ont accusé Jacob d’avoir mal élevé sa fille, trop audacieuse et candide, tandis que d’autres ont relevé que sa mère, Léa, était aussi «sortie» pour négocier une nuit d’amour avec son propre mari (Genèse 30/14-16). Dina, victime tout à la fois d’un enlèvement sans consentement puis d’un amour passionnel dont on ne sait pas s’il était réciproque, est privée de parole, de réaction. Le texte n’utilise pour elle que […]