La vanité des scribes
Les scribes sont les opposants de Jésus cités le plus souvent (22 fois) dans l’évangile de Marc ; ils entrent en scène les premiers et « sortent du récit » à la crucifixion. Les grands prêtres sont presque autant représentés que les scribes comme adversaires (21 fois).
C’est la dernière fois de l’évangile où Jésus s’adresse aux juifs. Il ne délivre pas un enseignement mais un discours hostile à l’encontre des scribes qui représentent les non-disciples.
Leur attitude est en effet décrite par Jésus comme empreinte de vanité : avec de belles robes, à la recherche de reconnaissance (en attente de salutations, première place dans les synagogues…). Comme le dit le théologien Fleddermann : « Leur recherche puérile d ’ honneurs extérieurs est une autre traduction de leur défaut d’autorité en profondeur. »
À contrario, l’autorité de Jésus est reçue du Père, dans la simplicité.
La cupidité et l’hypocrisie des scribes
En plus de la vanité, la cupidité et l’hypocrisie complètent le tableau. Cupidité mise en opposition avec la générosité de la veuve. Peut-être les scribes abusaient-ils de leurs prérogatives (ils étaient juristes) pour détourner l’argent qui était censé revenir aux veuves… Leur hypocrisie devant Dieu avec de longues prières, confirme la noirceur de leur comportement.
Les scribes, une caricature
Les scribes, nous l’avons compris, sont des non-disciples. Qu’attend donc Jésus d’un disciple ? La réponse est suggérée en Mc 9,35 : le disciple est celui qui se fait « le dernier de tous et le serviteur de tous ». Jésus met en garde sur la quête d’honneurs et de reconnaissance aussi quand il dit « beaucoup de premiers seront les derniers » (Mc 10,31).
Le scribe est donc la figure type du non-disciple, vaniteux, cupide et hypocrite. En contrepoint apparait la veuve, figure du don au-delà du raisonnable, puisqu’elle donne « tout ce qu’elle avait, sa vie entière » ; pas seulement son superflu. Il faut avouer que ce passage avec la veuve est curieux (un ajout ?) car Jésus vient de condamner ceux qui dépouillent les veuves et les plongent dans le dénuement. Il est donc peu probable que Jésus loue ce comportement de don excessif de la veuve qui la conduit à la précarité.
Au contraire, il est possible d’interpréter ce passage comme une condamnation du système religieux qui conduit la veuve à se dépouiller totalement (système des dons pour des sacrifices en rédemption des fautes). Il s’agit donc plutôt d’une lamentation de Jésus plutôt que d’une louange, ce qui souligne encore plus le caractère inhumain du système de don mis en place par les scribes et les grands-prêtres.
En revanche, le don de la veuve, de « toute sa vie », est à interpréter symboliquement comme le don que fera Jésus à la croix. Il convient de mettre en opposition l’hypocrisie des scribes avec le don excessif de la veuve en lieu et place d’assistance. Un texte plein d’une ironie grinçante. Jésus va sortir du temple corrompu qui va être détruit par la suite.