À l’heure de la dévastation environnementale et alors que de nombreux scientifiques alertent sur la disparition de dizaines de milliers d’espèces, un nouveau courant de pensée invite à revisiter le récit pascal dans une « perspective écologique ». Une lecture à laquelle nous invite Sarah Stewart-Kroeker, professeure d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, dans l’ouvrage collectif Scandale ou salut ?, publié ce printemps aux Ed. Labor et Fides. En plein milieu de ce que d’aucuns nomment déjà la sixième extinction, l’éthicienne postule ainsi que le Christ se serait non seulement sacrifié pour l’humanité mais pour la création tout entière. Interview.
La mort et la résurrection du Christ seraient aujourd’hui à relire dans une perspective écologique. Qu’entendez-vous par là ?
Selon un nouvel axe de réflexion nommé « l’incarnation profonde », l’incarnation de Jésus ne concerne pas seulement les humains. À sa naissance, le Verbe se fait aussi chair (sarx). Le Christ ne rejoint donc pas seulement l’humanité, mais la matérialité de manière large. Par ailleurs, nous savons que tous les corps humains sont également impliqués dans le réseau interdépendant de l’univers, la création tout entière étant inextricablement liée par ses complexes liens écologiques, planétaires, […]