…celui des êtres chers qui continuent de nous accompagner au-delà de la mort.
«Mes expériences de vie les plus puissantes, celles où je me suis senti le plus vivant et le plus proche des autres et de Dieu, ont été des temps de mort.» Lorsqu’Andrew Stallybrass pénètre dans la petite chapelle de Caux sur Montreux, ses yeux se posent instantanément sur un grand vitrail dans la nef de l’édifice.
L’œuvre représente Jacob endormi au pied d’un grand escalier surplombé par une nuée d’anges. «C’est le lien entre ciel et terre qui me touche particulièrement dans cette œuvre.» Et des souvenirs de proches décédés, telle la multitude des verres chatoyants, viennent illuminer son visage. «J’ai redécouvert la puissance de ce vitrail après la mort d’une amie très chère. Je me tenais près de l’autel. Il y avait du soleil, les couleurs étaient éclatantes. Soudain, j’ai ressenti cette proximité des disparus. D’ailleurs, cet ouvrage ne représente pas une échelle difficile à gravir comme dans le texte biblique, mais un escalier, tel un grand boulevard aisément franchissable».
Avec son doux accent anglais, le septuagénaire originaire de Liverpool en vient à évoquer la mort de sa mère. Pendant plusieurs jours, il l’a veillée avec son frère cadet. «Mon frère, qui est athée, nous a donné un tel amour à travers sa présence et ses gestes, pendant ces instants, que j’ai vraiment eu le sentiment que si Dieu existe, il se fiche des étiquettes qu’on se donne à soi-même ou dont les autres nous affublent. Cela m’a libéré, j’espère à jamais, du devoir chrétien d’encourager les autres à suivre le même parcours que moi.» […]