Avec Pâques, les croyants célèbrent et se commémorent ce moment où Dieu a déjoué toutes les puissances qui peuvent asservir sa création: plutôt que de rester à distance des faits, il se mouille et entre dans la mêlée. Et il le fait d’une manière qui déjoue les attentes: en répondant à la violence par l’amour – et un amour entêté. C’est ce qui se passe avec l’histoire de Jésus, sa mise à mort par crucifixion et sa résurrection.
Face à toutes formes de violences, d’enfermement et de corruption, l’amour s’offre dorénavant comme une réponse inépuisable. Ce que nous célébrons à Noël, c’est que cette histoire de Pâques vient s’installer dans nos propres histoires. Elle vient comme les illuminer de l’intérieur: là où nous butons contre nos fragilités et des impasses, une autre histoire commence à se dire.
L’amour dans la précarité
Si nous célébrons Noël, c’est parce que raconter l’amour change le monde. Se mettre au coin du feu, autour d’une table, au bord d’un bar, un verre à la main alors que le soleil commence à se coucher, et commencer à raconter le récit d’un amour qui ne se laisse pas engloutir par les flots. Nos oreilles s’ouvrent à la présence d’un insoupçonné dans nos histoires quotidiennes.
Mais dans celle de Jésus, cet insoupçonné nous est trop connu. On s’y est habitué : une foule d’anges apparaissant à d’illustres inconnus, une nouvelle étoile se met à briller dans le ciel. De même pour la part d’inattendu – un prince de paix qui doit fuir face à un adversaire meurtrier; un père trompé qui va reconnaître ce fils qui n’est pas le sien, faisant confiance à un songe. Mais l’histoire du petit Jésus ne devrait pas capter toute notre attention. Elle vise à montrer autre chose encore.
Si nous célébrons Noël, c’est parce que cette histoire nous encourage à ouvrir le regard sur ce qui se passe dans nos propres histoires de vie. Une invitation à se laisser surprendre et émerveiller par cet amour qui se révèle au choeur des précarités que nous éprouvons et que nous rencontrons.
Comprenons-nous bien : évidemment que nous avons besoin de raconter la Nativité. Mais non pas comme une fin en soi : plutôt comme un […]
